Etude d’une œuvre intégrale : le parti pris des choses, Francis Ponge L’étude de ce recueil se veut adapter à l’analyse de l’écriture poétique puisqu’elle révèle l’originalité de l’écriture de Ponge. Le poète s’inspire largement des éléments de son quotidien pour jouer avec le langage.
Biographie succincte de la vie de Francis Ponge.
Le poète appartient au début du XXe siècle : il est largement influencé par les idées politiques et esthétiques de Barrés.
Il travaille chez l’éditeur Gallimard et il collabore à la revue littéraire « Le Mouton Blanc ».
En 1928, il commence l’écriture de ses « poèmes » dont le projet débouchera sur « Le parti pris des choses ».
Il s’astreint à écrire « 20 minutes par soir ».
Il fait la connaissance d’Albert Camus et leur collaboration fut édifiante.
Ponge, après la guerre va connaitre la reconnaissance. Il collabore avec la jeune revue d’avant-garde « Telle qu’elle » en 1960 qui est qui est alors animée par Sollers.
Il donne des conférences au Canada, aux Etats-Unis et devient professeur à l’université de Columbia à New-York.
De nombreux honneurs lui sont faits :
Le grand prix national de la poésie (1981)
Le grand prix de la Poésie de l’académie Française (1984)
Il meurt en 1988 dans sa maison près de Grass, et son œuvre est publiée dans la Pléiade à partir de 1999 (édition prestigieuse en littérature).
La poésie Française pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Objectif : Situer le recueil de Ponge dans un contexte historique et littéraire.
Travail préalable : Recherches sur la période des années 1940 du point de vue de l’histoire de la poésie Française. Publié en 1942, Le parti pris des choses s’inscrit dans une période troublée de l’histoire mondiale, la guerre, l’occupation et la libération.
La poésie et l’entrée dans la guerre
Situation de la poésie française en 1939
La poésie est dominée par le mouvement surréaliste.
Le second manifeste surréaliste (1929) signe son engagement politique aux côtés du communisme : Ponge se joint au mouvement.
Les poètes surréalistes s’unissent pour combattre le nazisme et pour s’engager dans la lutte.
Son œuvre témoigne de la vivacité d’une tradition poétique, à la fois classique et moderne.
Exils et retraites
La déclaration de la guerre de 1929 pousse plusieurs poètes à s’exiler. Parmi eux, Francis Ponge.
Cet exil sera fécond pour l’auteur et lui permettra de grands moments de solitude, il méditera sur l’écriture poétique.
La poésie dans la résistance
La création de réseaux éditoriaux
Des réseaux à la fois politiques et éditoriaux se mettent en place autour de figures rassembleuses comme Jean Lescure et Pierre Seghers.
Lescure anime la revue « Message » : de jeunes poètes y publient leurs œuvres comme Ponge.
Seghers lance la revue « Poésie 40 » qui va favoriser la création de la collection « poètes d’aujourd’hui ».
Les chantres de la Résistance
Eluard participe aux actions des partis communistes et célèbre la lutte et l’espoir.
Son texte « Liberté » est parachuté par les avions anglais au-dessus de la France.
Aragon fonde, avec Elsa Triolet le Comité National des Ecrivains, organe lié à la Résistance.
Desnos s’engage dans le réseau Agir.
René Char : son expérience de la lutte lui inspire notamment « Feuillets d’hypnose ».
Les arrestations des poètes se multiplient à cette époque.
La poésie après la libération.
De nombreux poètes ont disparu et le mouvement surréaliste s’essouffle.
Les héros de la Résistance comme Char, Eluard et Aragon sont fêtés.
Une nouvelle génération de poètes apparait à laquelle apparient Ponge. Parmi eux, Michaux et Jacquotté.
Ces auteurs commencent à explorer des voies nouvelles :
L’exploration de l’imaginaire et du monde intérieur
Questionnement de la présence de l’homme au monde
L’avant-garde poétique voit apparaitre un mouvement tout à fait nouveau : Le lettrisme : il consiste à produire des textes poétiques qui ne sont plus qu’un assemblage de lettres très souvent dépourvues de « sens ».
La structure du recueil de Francis Ponge : Le Parti Pris des Choses Objectifs : La découverte de l’œuvre dans son ensemble.
Comment réfléchir à l’organisation du recueil.
Support : le recueil aux éditions Folio plus Classiques Approche problématique :
A partir de l’observation des pièces constituant le recueil (et notamment de leurs titres), peut-on dégager une intention, une cohérence et une progression de l’œuvre ?
Présentation générale :
Le Parti pris des choses, paru en 1942, se compose de 32 poèmes en prose tous désignés par un titre spécifique.
La présence ostensible du mot « choses » entre le recueil du côté de la poésie anti-lyrique, descriptive et inovatrice.
L’expression « parti pris » traduit :
Une revendication de la dignité poétique des objets
Ensuite, le terme parti sous-entend un certain horizon politique, de cette même démarche
Le Parti pris des choses semble traduire un compte-tenu des mots.
La critique a toujours essayé de considérer le poème objet rarement le poème mot.
La construction de l’œuvre
Les poèmes du recueil étant tous intitulé, il est possible d’opérer des rapprochements entre eux, et de dégager différents plans de structuration. L’éventail thématique
Les « choses dont parle le poète et dont il prend parti sont regroupées en quelques rubriques : on trouve ainsi dans un ordre décroissant d’importance quantitative des pièces consacrées :
Au monde animal (le papillon, l’huitre, la crevette)
Au monde végétal (l’orange, le mimosa, la mousse)
Au monde humain (le gymnaste, la jeune mère)
A des phénomènes ou des éléments naturels (pluie, feu, eau)
A des objets manufacturés (le cageot, la radio, la cigarette)
Au monde minéral (le galet)
Remarque : cependant, certains poèmes peuvent être rangés dans des rubriques différentes (faune et flore)
La présence humaine parmi les choses est relativement rare, elle appelle à considérer le poète ici comme un écrivain antihumaniste.
Les enchainements : L’enchainement des poèmes obéit à une organisation qui peut être précisée en :
Décrivant les objets manufacturés
Décrivant les animaux
Les poèmes à sujet humain sont plutôt placés vers la fin du recueil.
La nature reprend vite ses droits dans ce recueil et ce dernier suit alors une sorte de decrescendo ontologique, où l’on lirait facilement l’effacement successif de l’animal, du végétal et le recours au minéral : il est vrai que les derniers textes s’intitulent « la crevette », « végétation », « le galet ».
Formes et longueurs des poèmes
L’organisation du recueil peut de faire selon :
La longueur des poèmes : les plus courts au début
Leur structure interne : parfois des paragraphes structurés par des astérisques qui les séparent.
Cependant, certains poèmes emploient un découpage alinéaire.
Francis Ponge précise ainsi la modernité de son écriture poétique afin de surprendre son lecteur mais surtout de le séduire.
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