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TROUBLE DE L’ATTENTION AVEC OU SANS HYPERACTIVITE
Conférence APEDYS – VOIRON - Mars 2006Notes : M. JACQUEMET.Le Dr REVOL dirige le service de Neuropsychologie de l’enfant à l’Hôpital neurologique de LYON.Ce service reçoit des enfants en difficultés générales : des anorexiques, des dépressifs, des phobies scolaires... Il comprend 22 lits dont la moitié est consacrée au Centre de référence des troubles de l’apprentissage. En 2001 un rapport a été déposé au Ministère de la Santé et au Ministère de l’Education Nationale, à la demande de Ségolène ROYAL, pour alerter sur la situation en France : on est en retard par rapport aux autres pays européens sur l’évaluation et la prise en charge des enfants en difficulté scolaire. A la suite, une quinzaine de Centres de référence ont été créés, à GRENOBLE, St ETIENNE, LYON. Ce dernier se divise en quatre services, dont celui dirigé par le Dr REVOL. Ces centres ont pour mission d’évaluer les enfants en difficultés scolaires, de comprendre l’origine, et ensuite proposer une prise en charge, mettre en place des réseaux, informer, comme au biais de cette conférence, les professionnels, les parents, les enseignants et les médecins. A l’Hôpital neurologique, parmi les spécificités, figure le travail sur les enfants instables et les enfants précoces. 10 enfants entrent chaque semaine dans ce service, adressés par des professionnels, médecins scolaires, orthophonistes, médecins, psychiatres. Ils restent du lundi au vendredi pour un bilan. UN SUJET DE POLEMIQUE : En ce moment le sujet de l’instabilité psychomotrice est dans l’œil du cyclone, suite au rapport de l’INSERM, rendu publique en septembre 2005, où il est dit qu’il y a beaucoup d’enfants difficiles, instables, d’adolescents perturbateurs qui auraient pu être dépistés petits. L’INSERM préconise une évaluation, un dépistage de tous les enfants dès 3 ans, en disant que, si on arrive à leur proposer une évaluation, pour comprendre pourquoi ces enfants bougent, et une prise en charge, on aura des chances pour qu’ils ne soient pas en difficultés scolaires à l’adolescence. Une polémique a suivi la publication de ce rapport. La majorité des pédopsychiatres français s’y sont opposés, 70 000 d’entres eux ont signé une pétition contre ce projet et contre la récupération qui pourrait en être faite au niveau politique. 25 experts de l’hyperactivité en France se sont réunis 3 jours à BIARRITZ. Ils sont pour l’instant dans l’observation du phénomène médiatique, mais ont prévu de "monter au créneau" pour dire qu’il est scandaleux de voir ce qui est fait d’un tel projet de prévention, intéressant, qui correspond à la réalité quotidienne des services tels que celui de LYON. Le Dr REVOL a 20 ans d’exercice et a vu grandir les hyperactifs petits. De même, chez les adolescents amenés en consultation on retrouve dans leur histoire des signes qui montrent qu’ils auraient pu être dépistés avant. Il existe une position plus nuancée que de dire "tout est biologique" ou "rien n’est biologique". Ou encore "il faut traiter", "il ne faut pas traiter". Les anglo-saxons pensent qu’il faut donner un médicament, d’autres pensent qu’il faut proposer une psychothérapie. Les excès de ces positions ne font pas avancer les choses et les parents ont du mal à se retrouver entre ces deux positions extrêmes… alors que la polémique n’a pas lieu d’être. DEFINITION DE L’HYPERACTIVITE : Dans la littérature, on trouve des enfants hyperactifs : Tom Sawyer. Sophie dans "Les malheurs de Sophie". Abdala dans "Tintin au pays de l’or noir". Soupaloignonycroûton dans Astérix en Hispanie. Chez les américains, Calvin dans "Calvin et Hobbs" qui est précoce et hyperactif. On parle de ce symptôme depuis longtemps sous différentes appellations :
Les modèles théoriques différents ont donné des traitements différents. C’est un problème de santé publique en augmentation – les enseignants de petites classes le constatent - qui a des conséquences scolaires et d’intégration sociale. LE PRONOSTIC : L’enjeu n’est pas uniquement de savoir quel est le diagnostic pour se faire plaisir. Les gens qui suivent des cohortes d’enfants hyperactifs en consultation savent ce qu’ils deviennent. Au début, en maternelle, ce sont des enfants pénibles mais amusants, qui ont juste des troubles du comportement. En primaire, les choses se gâtent :
Au collège, on trouve une aggravation :
Au lycée apparaissent en plus:
A l’âge adulte : Il y a cinq ans on pensait que la partie du cerveau qui fonctionne moins bien chez l’enfant hyperactif ayant fini sa maturation à la fin de l’adolescence, les troubles allaient disparaître après les années lycée. Il n’en est rien. Les enfants hyperactifs et en particulier ceux qui ont un déficit d’attention vont voir leurs difficultés perdurer à l’âge adulte. Parmi les parents d’enfants hyperactifs qui consultent, nombreux sont ceux qui disent qu’ils présentaient les mêmes troubles que leur enfant et que les répercussions ont touché leur vie professionnelle (instabilité professionnelle), leur vie de couple ( difficultés relationnelles). Ce qui n’était au départ qu’un petit débordement finit par perturber toute la vie de l’individu. Ce petit débordement, à 3 ans, est de l’ordre de 1°. S’il est alors dépisté, on peut agir dès cet âge là. Si ce n’est pas le cas, l’enfant continue à s’éloigner régulièrement de 1° du parcours de l’enfant "classique" pour arriver à 45° ou plus par rapport à ce qui est attendu . L’idée d’un dépistage précoce pour mettre en place une prise en charge précoce est donc une bonne idée. DEUX CONCEPTIONS :
Ces deux catégories de personnes ont du mal à échanger ! Aux USA, 300 M d’habitants : 3 M d’enfants sous médicament. En France, où nous sommes 5 fois moins nombreux, 5 000 enfants prennent un médicament, même si ce nombre augmente d’année en année. Les pédopsychiatres ont choisi leur camp : "je suis pour, je suis contre". Mais certaines positions idéologiques sont excessives et injustifiées, on peut parler de non-respect de l’enfant. CLASSIFICATIONS :
Le groupe de 25 spécialistes français évoqué plus haut, pense que tous ces auteurs ont en fait raison. L’hyperactivité n’est pas une maladie, c’est un symptôme transnosographique, c’est à dire qu’on peut le retrouver dans différents tableaux :
L’enjeu n’est donc pas de se demander si on traite ou pas un enfant qui bouge mais de se demander pourquoi il bouge. Dans certains cas, comme le TDAH, on traite. Dans les cas de troubles de l’humeur, on met en place une psychothérapie, comme dans les troubles anxieux, ou dans le Multiplex Developpemental Disorder. C’est une démarche médicale. Les enfants qui entrent dans le service le lundi vont subir tout un protocole de tests pour qu’un diagnostic soit donné en fin de semaine à leurs parents, avec ou sans traitement. Il est assez facile de faire le diagnostic d’un enfant autiste ou d’un enfant dyslexique ou de celui qui a une maladie neuropédiatrique. Le TDAH, le trouble de l’humeur et le Multiplex Developpemental Disorder sont la majorité des cas qui consultent dans le service (8 sur 10). DEMARCHE DIAGNOSTIQUE : Deux questions sont essentielles pour savoir s’il s’agit plutôt d’une maladie neurologique ou réactionnelle : Depuis quand ? Où, avec qui ?
Il s’agit d’un trouble constitutionnel. On s’oriente vers une maladie neuropédiatrique (une épilepsie, une maladie génétique etc.), vers un TDAH, ou vers une dysharmonie d’évolution.
Il s’agit d’un trouble secondaire, réactionnel, situationnel. L’enfant réagit par son hyperactivité face à une situation qui ne lui convient pas : carence affective, dépression, école qui ne lui convient pas parce que c’est trop dur ou trop facile, parce qu’il est dys ou précoce. Ces pistes vont être étayées par des symptômes et des tests. L’observation des enseignants est importante. TDAH :
HYPERACTIVITE MOTRICE :
Il faut trois de ces symptômes pour parler d’hyperactivité motrice. Un enfant qui, dans la salle d’attente, a sorti tous les jouets, cassé quelque chose, qui s’appelle Kévin, Dylan Brandon ou Brian, qui a une incisive cassée… consulte assez probablement pour hyperactivité motrice. DEFICIT D’ATTENTION :
IMPULSIVITE : (il faut 3 éléments pour parler d’impulsivité)
L’impulsivité les gêne sur le plan social, ils font le vide autour d’eux. Des conseils de guidance sont envoyés aux maîtresses (de même qu’une liste existe pour les enfants dyslexiques, dysgraphiques, dysphasiques ou précoces) : fractionner les demandes, tolérer qu’ils bougent etc. Des conseils sont aussi donnés aux parents. Souvent ces enfants ne sont pas pris en charge par leur père. D’une part parce que les pères ne sont pas là. D’autre part parce qu’ils ne supportent pas leur enfant, bien souvent parce qu’ils étaient comme ça, enfants, et n’ont pas envie de revivre tout ça. LA SCOLARITE : Ces enfants peuvent être pris pour des dys… Leurs erreurs sont directement liées à leur trouble de l’attention . Ils suivent avec leur doigt, par peur de sauter des mots ou des lignes. Ils sont lents, hésitent parce que parasités par autre chose, leurs erreurs sont souvent des erreurs d’usage du type oublier un s au pluriel, ils sont capables de s’auto corriger. Il faut les laisser utiliser le blanc correcteur ou leur permettre de barrer en classe, parce qu’on essaie de leur apprendre à s’auto corriger. Le dysorthographique, quand on lui montre une erreur, va complexifier le mot. Une aggravation progressive apparaît au fil du texte pour l’enfant qui présente un déficit d’attention alors que le dyslexique fait des fautes d’emblée. Petite parenthèse : on ne parle plus de fautes mais d’erreurs, on ne compte plus le nombre d’erreurs dans une dictée mais on compte le pourcentage de mots justes dans le texte… Un film montrant un petit Clément en maternelle : il est plus agité que la moyenne, il faut l’arrêter physiquement, la parole ne suffit pas. Il lui faut un adulte à côté de lui. PREVALENCE : (selon une recherche de l’INSERM de 2002)
DIAGNOSTIC :
Si les scores de deux échelles remplies par deux personnes différentes à propos d’un même enfant ne sont pas équivalents, il faut plutôt penser à une autre cause qu’un THADA. Dans le service de LYON, les enfants sont hospitalisées deux jours, jeudi et vendredi, pour tous ces examens, ainsi qu’une recherche d’épilepsie, un bilan sanguin hépatique. FACTEURS ETIOPATHOGENIQUES :
Un déficit d’attention est la résultante de troubles psychologiques, neurologiques et génétiques. EVOLUTION :
Une notion nouvelle : les symptômes qui marquent encore le TDAH chez un adulte. Non développés ce jour, mais on en parle actuellement. PRISE EN CHARGE DE L’ENFANT TDAH : La cause étant multifactorielle, la prise en charge est forcément pluridisciplinaire. Un arrêt de la prise en charge psychologique décidé par thérapeute parce que le médicament a été prescrit, est une décision gravissime que l’on voit pourtant encore aujourd’hui. On préconise au contraire une prise en charge médicamenteuse, psychologique, pédagogique et éducative.
L’effet de la RITALINE a été découvert en 1937 : les américains ont 70 ans de recul. Le méthylphénidate (c’est le nom de la molécule) est commercialisé sous le nom de RITALINE ou de CONCERTA. Ce n’est pas un calmant, c’est un excitant de la famille des amphétamines. Les parents s’inquiètent, mais on explique que ce n’est pas un effet paradoxal : on donne à l’enfant un médicament qui, en augmentant sa vigilance, en excitant son système nerveux central, va le rendre attentif à ce qui se passe. Il ne sera plus parasité par ce qui se passe à côté de lui, il va pouvoir commencer à penser aux conséquences de ses actes, et va se tenir tranquille. C’est efficace directement sur l’attention et l’impulsivité. Secondairement, il profite de ce qui lui est proposé à l’école. Il y a peu d’effets secondaires : parfois difficultés à s’endormir ou baisse de l’appétit, ou aussi apparition de tics (on ne le donne pas s’il y des tics) si l‘enfant le prend en continu, mais ce n’est jamais le cas dans le service de LYON. Cela peut arrêter la courbe de croissance qui repart quand on arrête le traitement. Sur 800 enfants traités, il n’y a pratiquement aucun effet secondaire constaté alors que ce médicament a mauvaise presse. 75 % des TDAH sont largement améliorés, voire totalement améliorés. (30% avec un placebo). L’effet est "on/of" : immédiat. Les instituteurs en témoignent, l’enfant est calme et les résultats scolaires suivent. On ne le donne que les jours d’école, c’est un traitement sur l’attention pour l’école. Et seulement quand le déficit d’attention a des conséquences familiales, scolaires, sociales importantes. Le risque de maltraitance est à prendre en compte pour ces enfants.
CONSEILS AUX PARENTS :
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