PARCOURS DE PERSONNAGES Propositions de séquences.
Résumé d’Ernestine ou la naissance de l’amour de Stendhal. Ernestine, 20 ans, vit avec son vieil oncle dans son château dans le Midi de la France. Un jour, elle voit un jeune chasseur (qu’elle avait aperçu auparavant) mettre un bouquet dans le creux d’un arbre à son intention. Plusieurs bouquets vont suivre, accompagnés de billets de plus en plus pressants. Dans le cœur d’Ernestine naît alors le sentiment amoureux. Mais à la connaissance du chasseur, Philippe Artézan, homme de 35 ans, amant déclaré de Mme Dayssin, jeune veuve, Ernestine prend de la distance avec Philippe, tout en appréciant secrètement l’amour qu’il lui porte. Philippe éconduit vivra en ermite tandis qu’Ernestine se mariera à un vieux lieutenant général. PARCOURS DE PERSONNAGES. Exemple 1 (il s’agit d’une proposition qui peut être modifiée en fonction du professeur, de la classe…)
Œuvre choisie : Ernestine ou la naissance de l’amour de Stendhal. 1822. Editions Mille et une nuits, 1993, n°2.
| Renvois aux Instructions officielles (1)
PF, les lectures de textes littéraires, complétées par d’autres formes de lecture et d’étude, tiennent une place importante dans le programme d’enseignement du français parce qu’elles sont le creuset d’une réflexion essentielle sur le monde et sur soi.
PCContCo , champ littéraire : Période : le romantisme.
PDHA. Cet enseignement pluridisciplinaire croise l’enseignement du français à propos des périodes
La fréqnetation régulière d’eouvres artistiques permet aussi à l’élève d’exprimer des émotions, d’émettre un jugement personnel et critique. Il approfondit ainsi sa connaissance du monde et de soi… PContCo ;Domaine artistique ; « arts du langage »
| Commentaires Intérêt de l’œuvre : Personnages archétypes
Le héros stendhalien Chute
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Séquence majeure
| Renvois aux Instructions officielles
| Commentaires
| I) Séance 1, (dominante oral, lecture, écriture)
Émergences de représentations. Lancement (accroche)
Tableau d’Auguste Toulmouche, Le Billet (musée de Nantes), 1883 : tableau narratif.
Page Internet « Meeticaffintity » : une mise en relation des personnes via des techniques (tests, conseils en psychologie rapport des personnalités et profils compatibles. Trouver un partenaire de façon quasi « scientifique ». Lire les deux documents, confronter : similitudes et différences. Faire émerger le thème, (faire la cour à une femme) et une problématique de l’objet d’étude autour de la naissance de l’amour hier/aujourd’hui.
| PF, entrer dans l’échange oral ; écouter, réagir, s’exprimer ; PFOrg les héros littéraires d’hier sont-ils les héros d’aujourd’hui ?
| Echanges avec la classe. Tableau narratif.
Faire émerger des représentations, ce qui permet de construire la classe. « J’ai fait émerger des représentations » (Anne Armand)
(Histoire des Arts :
« Etes-vous sensible à ce tableau ? » Analyse « artistique » du tableau.)
| Texte d’entrée dans l’œuvre : « Dans une âme parfaitement… vaste ombrage ». Lecture analytique Texte et documents d’accroche : mise en relation, similitudes et différences. Faire émerger une problématique de lecture autour de « l’histoire » d’Ernestine, sa modernité.
| RLMLLA : elle vise à fonder les premières impressions du lecteur (horizon d’attente, hypothèses de lecture) par une démarche de relecture, à faire découvrir les moyens par lesquels l’auteur a obtenu l’effet qu’il recherchait , à construire et à expliquer le sens qu’une première lecture ne faisait que laisser deviner
| L’objet d’étude est abordé dans une œuvre.
Etudier des textes avant d’interroger le « je » pour rassurer la classe. J’ai fait analyser (Anne Armand)
Proposer un premier extrait suffisamment intriguant pour provoquer l’envie d’en savoir plus. Pour faire en sorte que les élèves aient envie de lire. Proposer des hypothèses de sens que la lecture de l’œuvre intégrale permettra de vérifier.
| Propositions d’activités d’écriture, d’invention
(à commencer en cours ou à faire chez soi):
- imaginer une courte « histoire » à partir du tableau. (On peut ici mettre en place une écriture longue qui se bonifiera grâce au texte de Stendhal)
- rédiger le portrait du jeune chasseur, à justifier.
- réécrire la scène en changeant de point de vue (« être le jeune chasseur »).
| PF entrer dans l’échange écrit : lire, analyser, écrire. RLELPE : la lecture analytique peut être prolongée : par un travail d’écriture d’invention (écrire à la manière de, après la mise en lumière des procédés à l’œuvre dans un texte) RPPQC. Exemples d’activités d’écriture, rédiger un portrait à viser descriptive, à viser argumentative. Réécrire une scène en changeant de point de vue
| On retrouve ici la pratique de l’écriture longue. Prévoir des temps de remédiation.
Intérêt du portrait ; confronter l’imagination des élèves avec ce que propose Stendhal.
L’intérêt de l’écriture du changement de point de vue tient dans le fait que Stendhal donne celui-ci plus loin dans l’œuvre. Dans ce cas, il faut faire ce travail en classe.
| Lecture de l’œuvre chez soi.
Accompagnée d’un questionnaire de lecture.
(à commencer éventuellement en cours)
| RLFSLLIO, il s’agit là d’une lecture réalisée dans son intégralité pour que les différents aspects de l’œuvre soient étudiés. Cette forme de lecture vise :
- la perception du traitement du temps
- la construction de l’œuvre
- la construction du personnage
- la formulation des réactions de lecteurs
- la connaissance du genre
| L’œuvre est courte et peut donc être lue pour la séance qui suit. Questionnaire à remplir en cours de lecture pour vérifier les hypothèses, la compréhension globale et lancer des axes d’études.
| Pendant toute la durée de la séquence, proposer aux élèves de trouver au CDI (bibliothèques…) des œuvres « qui entrent en résonance » avec le thème (faire la cour à une femme) pour une lecture cursive (tenu du carnet de lecture, portfolio). Cadrer la recherche en vue de la troisième étape (faire réfléchir) de la séquence. Prévoir la forme du résultat de la recherche (recopier des 4ème de couverture…) Mise en place d’une lecture documentaire pour contextualiser l’œuvre ; connaître Stendhal (portrait peint, biographie, œuvres principales, mouvement littéraire …) : Cadrer la recherche, travail en groupe
| RLMLLC, faire de chaque élève un lecteur autonome. RLMLLD, recherche d’informations et de renseignements, objectif de lecture. PMTIC , l’enseignement du français… se saisit de ces outils dans ce qu’ils ont de plus pertinent pour son propre contenu disciplinaire : traitement de texte, recherche documentaire…
| Travail préparatoire avec l’enseignant documentaliste. Validation du B2i lycée.
| Séance 2. (dominante écrit)
Etude de la langue à partir du premier texte,
: Va-t-on lire une histoire vraie ?
Travail sur « vrai/faux/réel », sur le lexique de la perception et de la sensibilité ; sur la phrase complexe ( la ponctuation, l’usage du point virgule)
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| Amener l ‘étude de la langue en se posant une question.
| II) Séance 3, (dominante oral/écrit)
Etude de l’oeuvre Correction du questionnaire. Axe d’étude 1 : les personnages, parcours d’Ernestine, de Philippe. Pourquoi, à la fin, ne se marient-ils pas ensemble ?
| PFOrg En quoi l’histoire du personnage étudié, ses aventures, son évolution aident-elles le lecteur à se construire ?
RPPQC. Etudier comment un personnage évolue depuis son apparition dans l’œuvre jusqu’à sa conclusion
| En fonction des hypothèses émises par les élèves et des questions posées par l’enseignant dans son questionnaire proposer un certains nombres d’axe d ‘étude de l’œuvre, 3 maximun Amener ces trois axes d’étude sous forme de questions.
| Séance 4. (dominante oral/écrit) Axe d’étude 2 : les personnages, leurs contacts (par des objets interposés - le bouquet, les billets – par la vue – Ernestine à sa fenêtre, Philippe dans les buissons, à la messe – au dîner – « Philippe est à ses pieds »). Lecture analytique de ce passage. Lequel a « tort », lequel a « raison » ? Etude de la langue : discours direct/indirect
| RLELPE : la lecture analytique est définie par l’attention portée au détail d’une page (composition, choix stylistique, effets d’écriture).
PContCo : champ linguistique, énonciation dans le récit, discours rapporté
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| Séance 5. (dominante ora/écritl) Axe d’étude 3. L’analyse du récit.
L’épisode de la messe raconté deux fois. Selon les deux personnages.
Etude de la langue : les différents points de vue La durée dans l’œuvre, combien de temps dure cette aventure ?
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PContCo : champ linguistique, énonciation dans le récit, point de vue ; connecteurs temporels PContCo : champ linguistique, connecteurs temporels
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| III) Séance 6. (dominante ora/écritl)
Réflexion Transition : proposer aux élèves de réfléchir sur les personnages d’Ernestine et de Philippe : leurs comportements, leurs pensées (morales) pour revenir à la problématique de lecture à savoir si Ernestine pourrait être/est une héroïne moderne. La théorie des sept étapes de l’amour selon Stendhal par des extraits de De l’amour. Proposition d’activité d’écriture d’argumentation.
| PFOrg Les valeurs qu’incarne un personnage étudié sont-elles celles de l’auteur, celles d’une époque ?
PDE ; écriture d’argumentation (justification, réfutation, délibération)
| Elargissement (de soi, aux autres, d’ici à ailleurs, de maintenant à avant)
Fixer une perspective, dynamiser la classe. « J’ai amené les élèves à réfléchir » (Anne Armand)
| Séance 7. (dominante ora/écritl) Prolongements (possibles) Proposer une série de tableaux et demander le(s)quel(s) pourrai(en)t illustrer Ernestine, élargir sur l’étude des tableaux
La représentation de la femme au XIXème siècle, classicisme, romantisme, réalisme, impressionnisme
| PDHA. Cet enseignement pluridisciplinaire croise l’enseignement du français à propos des périodes
La fréqnetation régulière d’eouvres artistiques permet aussi à l’élève d’exprimer des émotions, d’émettre un jugement personnel et critique. Il approfondit ainsi sa connaissance du monde et de soi..
PContCo ;Domaine artistique ; « arts du visuel » ; Thématique ; « Arts, réalités, imaginaires ».
| Se mettre en relation avec l’enseignant en Arts Plastiques
| Séance 8. Evaluation finale (dominante écrit) « Pour une 4ème de couverture on vous demande un court résumé et quelques lignes d’une critique positive de l’œuvre ». Bilan oral avec les élèves de cette séquence. Spontané ou préparé.
| RLELPE, par un travail de résumé. PDO
| Donner des cadres à cette évaluation (situation d’énonciation, longueur …)
| Propositions de thèmes de réflexion suite à la lecture de l’œuvre en vue de la séquence mineure:
la naissance de l’amour, le coup de foudre
les amours interdits, impossibles, non acceptés.
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(1) P : P-rogramme, I-ntroduction ; F-inalités ; D-émarches, L-ecture, O-ral, E-criture, L-angue F-rançaise, H-istoire des A-rts, TIC ; ORG-anisation de l’enseignement ; Cont-enu et mise en forme, Ca-pacités, Co-nnaissances, At-titudes. R : R-essources ; P-arcours de P-ersonnage, P-erspectives, les Q-estions, Q-étudier en C-lasse ?, R : R-essources ; L-ire,quelles M-odalités de L-ecture ? L-ecture P-rivée, L-ecture C-ursive, L-ecture A-nalytique, L-ecture D-ocumentaire ; les F-ormes S-colaires de L-ecture, lecture d’un G-roupement de T-extes et/ou de D-ocuments ; P-rcours de L-ecture dans une O-euvre I-ntégrale, L-ecture I-ntégrale d’une O-euvre ; que F-aire L-ire ? C-hoix des O-euvres L-iberté et C-ontraintre, C-omment et P-ourquoi C-ontextualiser ?; quelles E-valuations ? L-ectures et P-rolongements d’E-crits, E-xercices d’E-ntraînements, C-ertification, C-onnaissances et A-ttitudes. R :R-essouces ; E-tudier la L-angue, le L-exique, quelles D-émarches et quelles A-ctivités ? quelles P-rogressions ?; la G-rammaire, quelles N-otions G-rammaticales ?quelle P-rogression ?
Documents d’accroche .

Texte d’entrée dans l’œuvre.
Dans une âme parfaitement indifférente, une jeune fille habitant un château isolé, au fond d’une campagne, le plus petit étonnement excite profondément l’attention. Par exemple, un jeune chasseur qu’elle aperçoit à l’improviste, dans le bois, près du château.
Ce fut par un événement aussi simple que commencèrent les malheurs d’Ernestine de S… Le château qu’elle habitait seule, avec son vieux oncle, le comte de S…, bâti dans le Moyen Age, près des bords du Drac, sur une des roches immenses qui resserrent le cours du torrent, dominait un des plus beaux site du Dauphiné. Ernestine trouva que le jeune chasseur offert par hasard à sa vue avait l’air noble. Son image se présenta plusieurs fois à sa pensée ; car à quoi songer dans cet antique manoir ? Elle y vivait au sein d’une sorte de magnificence ; elle y commandait à un nombreux domestique ; mais depuis vingt ans que le maître et les gens étaient vieux, tout s’y faisait toujours à la même heure ; jamais la conversation ne commençait que pour blâmer tout ce qui se fait et s’attrister des choses les plus simples. Un soir de printemps, le jour allait finir, Ernestine était à sa fenêtre ; elle regardait le petit lac et le bois qui est au-delà ; l’extrême beauté de ce paysage contribuait peut-être à plonger dans une sombre rêverie . Tout à coup elle revit ce jeune chasseur qu’elle avait aperçu quelques jours auparavant ; il était encore dans le petit bois au-delà du lac ; il tenait un bouquet de fleurs à la main ; il s’arrêta comme pour la regarder, elle le vit donner un baiser à ce bouquet et ensuite le placer avec une sorte de respect tendre dans le creux d’un grand chêne sur le bord du lac.
Que de pensées cette seule action fit naître ! et que de pensées d’un intérêt très vif, si on les compare aux sensations monotones qui, jusqu’à ce moment, avaient rempli la vie d’Ernestine ! Une nouvelle existence commence pour elle ; osera-t-elle voir ce bouquet ? « Dieu ! quelle imprudence, se dit-elle en tressaillant ; et si, au moment où j’approcherai du grand chêne, le jeune chasseur vient à sortir des bosquets voisins ! Quelle honte ! Quelle idée prendrai-t-il de moi ? » Ce bel arbre était pourtant le but habituel de ses promenades solitaires ; souvent elle allait s’asseoir sur ses racines gigantesques, qui s’élèvent au-dessus de la pelouse et forment, tout à l’entour du tronc, comme autant de bancs naturels abrités par son vaste ombrage. Stendhal, Ernestine ou la naissance de l’amour, 1822.
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