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Enseigner la France et ses territoires en géographie Compte-rendu de la table ronde organisée par l’Inspection générale d’histoire et de géographie 1. Un constat inquiétant : Force est de constater que nos élèves sont mieux formés à la géographie du monde qu’à celle de la France. Toutes les évaluations des acquis des élèves nous donnent des résultats convergents. - A la fin du primaire, rares sont les élèves qui maîtrisent toutes les compétences sur cette question qui devraient être acquises à l’issue du cycle 3. - A la fin du collège, le bilan est tout aussi contrasté : si l’on se fonde sur ce qui peut être évalué au DNB, on serait tenté d’être optimiste : l’épreuve sur les repères est moyennement réussie. Les élèves savent en majorité repérer sur une carte leur région et quelques très grandes agglomérations (Paris, Marseille), quelques grandes agglomérations (Bordeaux, Clermont-Ferrand, Lille, Lyon, Marseille, Metz, Nantes, Nancy, Nice, Paris, Strasbourg, Rennes, Rouen, Toulouse), les régions administratives, les DOM et les TOM. Il est vrai qu’on leur demande rarement de placer toutes les villes et beaucoup de régions administratives Mais à leur entrée en Seconde, le bilan d’ensemble n’est pas aussi satisfaisant pour les régions administratives et de nombreuses agglomérations dont la localisation n’est pas maîtrisée - A la fin du lycée, si la situation s’est un peu améliorée, elle est loin d’être bonne comme on peut le constater en hypokhâgne. Dans les concours de recrutement d’enseignants, la situation est même plus inquiétante. Au CAPES externe, à l’épreuve du commentaire de document, à l’oral, passée par les historiens (90% des admissibles) les sujets portant sur la France donnent des notes inférieures de 1,5 points à tous les autres sujets portant sur la question de géographie thématique ou sur la géographie d’un autre pays ou d’un autre continent. Il est vrai que si le dossier contient une carte topographique, cela pénalise beaucoup de candidats qui découvrent ce « curieux document ». Tout se passe comme si les futurs professeurs connaissaient mieux l’Afrique ou l’Amérique du Sud que la France ! A l’épreuve de leçon de géographie orale, passée par les géographes, les résultats sont trop contrastés pour que les moyennes soient significatives ; mais en moyenne 1 à 2 points inférieurs aux autres sujets. Même remarque lorsque, à l’écrit, la question porte sur la France. 2. Quelques éléments pour éclairer cette situation déplorable D’une manière générale, l’enseignement de la géographie est sacrifié au profit de celui de l’histoire (rapport de 1/3- 2/3 du temps de cours). Une majorité d’enseignants, maîtrisant mal le programme d’histoire, accordent à celui-ci un temps excessif et on constate que c’est surtout la géographie de la France qui pâtit de ce traitement inégal. De surcroît, les nombreux enseignants qui traitent le programme de géographie dans l’ordre de son écriture n’abordent l’étude de la France et de ses territoires qu’à la fin de l’année ce qui a pour conséquence un traitement beaucoup trop rapide, souvent bâclé de ces questions, faute d’un temps suffisant. Ainsi le programme de 2002 du primaire :
Ainsi le programme de quatrième, actuel
Ainsi le programme de première
Pour comprendre la situation, il faut ajouter une mauvaise compréhension et gestion de certains programmes : par exemple, ceux du collège qui dissocient l’étude du territoire en quatrième et celle de la puissance en troisième Enfin, pour le lycée il faut tenir compte du fait que les questions portant sur la géographie de la France ne sont pas évaluées au baccalauréat Or, enseigner la France n’est pas plus difficile qu’enseigner les Etats-Unis ou l’Amazonie. 3. Les solutions : Aujourd’hui,
Les programmes qui viennent d’être rédigés pour le collège tiennent compte de ces nouvelles logiques d’une rupture avec l’approche continentale. La France peut être présente à tous les niveaux. De même au lycée, l’étude des différents échelons territoriaux (local, régional, national, européen, mondial) permettent, avec les emboîtements d’échelles, de définir les enjeux, les acteurs, les moyens de gestion territoriale, base indispensable à la formation citoyenne et à la construction des identités nationale et européenne.
(On pourra par exemple se reporter au dossier « Construire les territoires » paru dans Historiens et Géographes en juillet-août 2008, dossier n° 403) Enseigner la France et ses territoires s’impose comme une nécessité incontournable si l’on considère que l’histoire et la géographie font partie du socle commun et du tronc commun des disciplines obligatoires et constituent ainsi une base fondamentale de la culture citoyenne des élèves. |