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Comme je parle ici à Sainte-Anne...et peut-être à travers ce que j’ai dit la dernière fois on peut sentir ce que ça signifie pour moi...j’ai choisi de prendre les choses au niveau, disons de ce qu’on appelle l’élémentaire. C’est complètement arbitraire, mais c’est un choix. Quand j’ai été à la Société de Philosophie faire une communication sur ce que j’appelais à l’époque mon enseignement, j’ai pris le même parti. J’ai parlé comme en m’adressant à des gens très en retard : ils ne le sont pas plus que vous, mais c’est plutôt l’idée que j’ai de la philosophie qui veut ça. Et je ne suis pas le seul. Un de mes très bons amis qui en a fait une récente - à la Société de Philosophie - de communication, m’a passé un article sur le fondement des mathématiques où je lui ai fait observer que son article était d’un niveau dix fois ou vingt fois plus élevé que ce qu’il avait dit à la Société de Philosophie. Il m’a dit qu’il ne fallait pas que je m’en étonne, vu les réponses qu’il en avait obtenu. C’est bien ce qu’il m’a prouvé aussi, parce que j’ai eu des réponses du même ordre au même endroit, c’est bien ce qui m’a rassuré d’avoir articulé certaines choses que vous pouvez trouvez dans mes Écrits, au même niveau. Il y a donc dans certains contextes un choix moins arbitraire que celui que je soutiens ici. Je le soutiens ici en fonction d’éléments mémoriaux qui sont liés à ceci : c’est qu’en fin de compte, si à un certain niveau, mon discours est encore incompris, c’est parce que - disons pendant longtemps - il a été dans toute une zone interdit, non pas de l’entendre, ce qui aurait été, comme l’expérience l’a prouvé, à la portée de beaucoup, mais interdit de venir l’entendre. C’est ce qui va nous permettre de distinguer cette incompréhension d’un certain nombre d’autres : il y avait de l’interdit. Et que, ma foi, cet interdit soit provenu d’une institution analytique est sûrement significatif. Significatif veut dire quoi ? J’ai pas du tout dit signifiant. Il y a une grande différence entre le rapport signifiant-signifié et la signification. La signification ça fait signe, un signe n’a rien à faire avec un signifiant. Un signe est - j’expose ça dans un coin quelque part dans le dernier numéro de ce Scilicet - un signe est, quoi qu’on en pense, toujours le signe d’un sujet. Qui s’adresse à quoi ? C’est également écrit dans ce Scilicet, je ne peux pas maintenant m’y étendre, mais ce signe, ce signe d’interdiction venait assurément de vrais sujets, dans tous les sens du mot, de sujets qui obéissent en tout cas. Que ce soit un signe venu d’une institution analytique est bien fait pour nous faire faire le pas suivant. Si la question a pu m’être posée sous cette forme, c’est en fonction de ceci : que l’incompréhension en psychanalyse est considérée comme un symptôme. C’est reçu dans la psychanalyse, c’est - si on peut dire - généralement admis. La chose en est au point que c’était passé dans la conscience commune. Quand je dis que c’est généralement admis, c’est au-delà de la psychanalyse, je veux dire de l’acte psychanalytique. Les choses dans une certaine conscience - il y a quelque chose qui donne le mode de la conscience commune - en sont au point où on se dit, où on s’entend dire : « Va te faire psychanalyser » quand… quand quoi ? Quand la personne qui le dit, considère que votre conduite, vos propos sont - comme dirait M. de LAPALISSE - symptôme. Je vous ferai remarquer que tout de même à ce niveau, par ce biais « symptôme » a le sens de valeur de vérité. C’est en quoi ce qui est passé dans la conscience commune est plus précis que l’idée qu’arrivent à avoir - hélas - beaucoup de psychanalystes. Disons qu’il y en a trop peu à savoir l’équivalence de symptôme avec valeur de vérité. C’est assez curieux, mais d’ailleurs ça a ce répondant historique que ça démontre que ce sens du mot symptôme a été découvert, énoncé, avant que la psychanalyse entre en jeu. Comme je le souligne souvent, c’est à très proprement parler le pas essentiel fait par la pensée marxiste que cette équivalence. Valeur de vérité : pour traduire le symptôme en une Valeur de vérité nous devons ici toucher du doigt, une fois de plus, ce que suppose de savoir chez l’analyste le fait qu’il faille bien que ce soit à son su qu’il interprète. Et pour faire ici une parenthèse, simplement en passant - ça n’est pas dans le fil de ce que j’essaie de vous faire suivre - je dois marquer, je marque pourtant que ce savoir est à l’analyste, si je puis dire, présupposé. Ce que j’ai accentué du sujet supposé savoir comme fondant les phénomènes du transfert, j’ai toujours souligné que ça n’emporte aucune certitude chez le sujet analysant que son analyste en sache long. Bien loin de là. Mais c’est parfaitement compatible avec le fait que soit par l’analysant envisagé comme fort douteux le savoir de l’analyste, ce qui d’ailleurs, il faut l’ajouter, est fréquemment le cas pour des raisons fort objectives : les analystes somme toute n’en savent pas toujours autant qu’ils devraient pour cette simple raison que souvent ils ne foutent pas grand chose. Ça ne change absolument rien au fait que le savoir est présupposé à la fonction de l’analyste et que c’est là-dessus que reposent les phénomènes de transfert. La parenthèse est close. Voici donc le symptôme avec sa traduction comme valeur de vérité. Le symptôme est valeur de vérité et - je vous le fais remarquer au passage - la réciproque n’est pas vraie : la valeur de vérité n’est pas symptôme. Il est bon de le remarquer en ce point pour la raison que la vérité n’est rien dont je prétende que la fonction soit isolable. Sa fonction - et nommément là où elle prend place : dans la parole - est relative. Elle n’est pas séparable d’autres fonctions de la parole. Raison de plus pour que j’insiste sur ceci que même à la réduire à la valeur, elle ne se confond en aucun cas avec le symptôme. C’est autour de ce point de ce qu’est le symptôme qu’ont pivoté les premiers temps de mon enseignement, car les analystes sur ce point étaient dans un brouillard tel que le symptôme... et après tout peut-être doit-on à mon enseignement que ça ne s’étale plus si aisément ...que le symptôme s’articule - j’entends : dans la bouche des analystes - comme le refus de la dite valeur de vérité. Ça n’a aucun rapport. Ça n’a aucun rapport avec cette équivalence à un seul sens - je viens d’y insister - du symptôme à une valeur de vérité. Ça fait entrer en jeu ce que j’appellerai - ce que j’appellerai comme ça parce qu’on est entre soi et que j’ai dit que c’était un entretien - ce que j’appellerai sans plus de forme, sans me soucier que les termes que je vais pousser en avant en soient déjà usités à la pointe la plus avancée de la philosophie, ça fait entrer en jeu l’être d’un étant. Je dis l’être - parce que il me semble clair, il semble acquis depuis le temps que la philosophie tourne en rond sur un certain nombre de points - je dis l’être parce qu’il s’agit de l’être parlant. |
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