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Projet Lecture et littératureG. NEUVILLE (CPC Ussel) Classe de CM1-CM2 ; V. Brugière – école de la Jaloustre – USSEL Le secret de maître Cornille(texte du « livre pour l’été » : les lettres de mon moulin d’Alphonse Daudet) Compétences du socle communLa maîtrise de la langue française : Lire avec aisance (à haute voix, silencieusement) un texte ; Dégager le thème d’un texte. Les compétences sociales et civiques : Prendre part à un dialogue : prendre la parole devant les autres, écouter autrui, formuler et justifier un point de vue ; Respecter les autres, et notamment appliquer les principes de l’égalité des filles et des garçons. Objectifs des programmes 2008 : Lecture Lire à haute voix, avec fluidité et de manière expressive, un texte d’une dizaine de lignes après préparation ; Lire silencieusement un texte littéraire ou documentaire et le reformuler ; Repérer dans un texte des informations explicites et en inférer des informations nouvelles (implicites) ; Participer à un débat sur un texte en confrontant son interprétation à d’autres de manière argumentée. Echanger, débattre Participer aux échanges de manière constructive : rester dans le sujet, situer son propos par rapport aux autres, apporter des arguments, mobiliser des connaissances, respecter les règles habituelles de la communication. Séance 1 et 1bis (extrait 1) Objectif : Lire avec fluidité le texte après préparation. Phase 1 Contextualisation Nous allons travailler ensemble sur une histoire écrite par Alphonse Daudet. Cette histoire fait partie d’un recueil d’histoires de cet auteur intitulé « Les lettres de mon moulin » paru en 1869. Le portrait de Daudet est projeté. Quelques informations sont données par le maître :
Phase 2 Lecture silencieuse Nous allons lire l’histoire intitulée Le secret de maître Cornille. Nous allons la lire petit à petit avec des extraits. Aujourd’hui, c’est l’extrait 1. Vous lisez seul cet extrait. Vous « sautez » les mots qui vous posent problème mais vous allez jusqu’au bout. Phase 3 Préparation à la lecture oralisée Dans ce texte, il y a des mots difficiles à lire. Je vais les noter au tableau et vous allez vous entraîner à les lire le plus rapidement possible. Liste des mots difficiles :
Sous la direction du maître, les mots sont lus et relus au tableau : lors de la lecture du texte, ils doivent être reconnus directement et ne plus être un obstacle. Phase 4 Lecture oralisée du texte Chaque élève doit lire quelques lignes. Ce premier temps de lecture permet d’évaluer les compétences de lecteur et de mettre en place la différenciation dans les séances de lecture suivantes. La séance se termine par une lecture du maître. Séance 2 (extrait 1) Objectif : Identifier les personnages d’un récit ; Maîtriser les termes suivants : auteur, narrateur, conteur… les gens, les meuniers, les meunières. Phase 1 Rappels Daudet et les lettres de mon moulin ;. Lecture à haute voix par quelques élèves du texte. Phase 2 Recherche 1 Vous vous mettez à deux pour répondre à cette question : quels sont les personnages qui apparaissent dans cet extrait ? Les élèves travaillent en binômes et écrivent leurs personnages sur un cahier de brouillon. Phase 3 Mise en commun La confrontation des propositions doit conduire à l’élaboration du schéma suivant : ![]() Phase 4 Recherche 2 Je vous propose différents titres pour cet extrait. Parmi ceux-ci, vous en choisissez un qui vous paraît convenir.
Phase 5 Mise en commun Confrontation des propositions. Chaque binôme doit justifier sa proposition en se référant au texte. Le groupe réagit et propose de classer les propositions (oui, plutôt oui , plutôt non, non). Phase 6 Trace écrite Les élèves recopient le schéma des acteurs de l’histoire. La séance se termine par la projection d’un petit film sur le fonctionnement d’un moulin à vent. Vidéo Moulin à vent Séance 3 (extrait 2) Objectifs : Lire avec fluidité un texte après préparation ; Dégager le thème d’un texte. Phase 1 Appropriation du texte
Appropriation des mots difficiles :
Le sens de certains mots sera construit à partir du contexte ; pour d’autres, l’information sera donné par le maître.
Phase 2 Recherche Vous proposez un titre pour cet extrait. Les élèves travaillent en binômes. Phase 3 Mise en commun, confrontation Les propositions sont faites : le maître propose de les classer en trois catégories :
Confrontation et argumentation au regard du texte. Phase 4 Trace écrite Elaboration collective d’un court texte qui résume le début de l’histoire. Le maître note au tableau, les élèves recopient. Séance 4 (extrait 3) Objectifs : Prélever des informations dans le texte pour construire le portrait de maître Cornille ; Interpréter ces informations. Phase 1 Appropriation du texte Le texte a été donné à lire aux élèves, la semaine précédente, en travail personnel. Lecture oralisée de quelques élèves. Phase 2 Recherche (ateliers différenciés) La classe est organisée en deux groupes de besoin en lecture :
Phase 3 Mise en commun, confrontation Les mots ou expressions sont notés par le maître et interprétés collectivement. Ce travail doit conduire à l’élaboration du tableau suivant :
Phase 4 Réflexion Alors, ce personnage que l’on connaît un peu mieux, vous l’aimez ou vous ne l’aimez pas ? Echanges entre élèves : ce temps permet de reformuler la problématique de l’histoire de Daudet. Phase 5 Trace écrite Le tableau du portrait est recopié par chaque élève. L’extrait 4 est donné à lire en travail personnel. Séance 4 (extrait 4) Objectifs : Lire à haute voix avec fluidité et de manière expressive un texte de plus de 10 lignes, après préparation ; Rédiger une réponse à une question d’interprétation. Phase 1 Rappel Le point sur l’histoire : qui, où, quand, comment ? Phase 2 Appropriation du texte Lecture silencieuse du texte ; étude des mots difficiles à lire et à comprendre. Phase 3 Lecture et écriture Ateliers différenciés
Le maître corrige les travaux des élèves et organise une correction collective s’il y a lieu. Phase 4 Synthèse La situation à ce moment du récit, est reformulée. Le débat est ouvert : quel est le mystère du moulin ? Quel peut être le Secret de maître Cornille ? Echanges et débat : le maître demandera aux élèves de justifier leur idée en se référant au texte ; les propositions « farfelues » seront clairement rejetées. Séance 5 (extrait 5) Objectifs : Lire à haute voix avec fluidité et de manière expressive un texte de plus de 10 lignes, après préparation ; Repérer dans un texte des informations explicites et en inférer des informations nouvelles (implicites). Phase 1 Rappel Le point sur l’histoire : qui, où, quand, comment ? Phase 2 Appropriation du texte Lecture silencieuse du texte. Etude des mots difficiles à lire ou à comprendre (chose singulière, froment, embaume, arbre de couche, des guenilles, des gravats, le plâtras, nous convînmes, une procession). Lecture à haute voix de quelques élèves. Phase 3 Recherche Dans cet extrait, on découvre le secret de maître Cornille, vous devez le trouver. Vous travaillez à deux et vous rédigez sur votre cahier de brouillon une ou deux phrases qui expliquent ce secret. Vous notez aussi le numéro des lignes qui vous ont aidés. Travail en binômes. Phase 4 Mise en commun Le secret est clairement formulé à partir des propositions des élèves. Maître Cornille a fait croire que son moulin continuait à produire de la farine en promenant ses ânes chargés de plâtre et en faisant tourner les ailes du moulin. Phase 5 Réflexion Mais pourquoi ? La parole est donnée aux élèves… Remarques attendues :
La réflexion pourra s’élargir (avec « prudence ») à la vie de quelqu’un qui perd son emploi, qui se sent exclus justement parce qu’il ne travaille plus… Phase 6 Lecture à haute voix. Le texte est relu. L’expression est visée : il s’agit d’exprimer le mystère du moulin, le secret et le désespoir de maître Cornille. Séance 6 (extrait 6) Objectifs : Lire à haute voix avec fluidité et de manière expressive un texte de plus de 10 lignes, après préparation ; Repérer dans un texte des informations explicites et en inférer des informations nouvelles (implicites). Phase 1 Rappel Le point sur l’histoire : qui, où, quand, comment ? Phase 2 Appropriation du texte Lecture silencieuse du texte. Etude des mots difficiles à lire ou à comprendre (chose singulière, froment, embaume, arbre de couche, des guenilles, des gravats, le plâtras, nous convînmes, une procession). Lecture à haute voix de quelques élèves. Phase 3 Recherche Nous sommes à la fin de l’histoire et nous allons travailler sur ce que ressentent les personnages : leurs sentiments. Rappel sur la notion de sentiment et les sentiments que l’on connaît (étude réalisée en vocabulaire). Nous allons travailler sur les sentiments :
Deux groupes vont travailler sur le même point de vue : il nous faut donc 6 groupes. Mise en place des groupes et recherche. Pour noter leurs propositions, le tableau suivant est communiqué aux élèves :
Phase 4 Mise en commun, confrontation Echanges entre les élèves, entre les élèves et le maître…les propositions doivent être justifiés au regard du texte. Réponses attendues :
Le maître oriente la réflexion et note au tableau… Phase 5 Trace écrite Le tableau est recopié par les élèves sous le titre « les sentiments dans « le secret de maître Cornille ». Prolongements possibles : Le portrait de maître Cornille, commencé au cours de la séance 4 devra être complété avec le travail fait sur l’extrait 6. Un répertoire des mots des sentiments sera commencé, utilisé et enrichi avec les mots précis lors de chaque étude des personnages d’un texte. Un répertoire des mots issus de « le secret de maître Cornille » trouvera sa place dans le cahier de vocabulaire. Les champs lexicaux à partir du mot « mistral » ou « masure » pourront être investis et donner lieu à des fiches thématiques. Plusieurs situations de rédaction sont possibles :
Evaluation : On pourra évaluer la « fluidité de la lecture après préparation » et « l’expression » en prévoyant une séance spécifique de lecture oralisée sur un des extraits. La capacité à interpréter, à débattre en justifiant au regard du texte sera mesurée au fil des temps de confrontation. La capacité à comprendre se fera sur un court extrait d’un autre texte de Daudet à partir de questions ou de tableaux à renseigner. Le secret de Maître Cornille de Alphonse DAUDET EXTRAIT 1 Francet Mamaï, un vieux joueur de fifre, qui vient de temps en temps faire la veillée chez moi, en buvant du vin cuit, m’a raconté l’autre soir un petit drame de village dont mon moulin a été témoin il y a quelque vingt ans. Le récit du bonhomme m’a touché, et je vais essayer de vous le redire tel que je l’ai entendu. Imaginez-vous pour un moment, chers lecteurs, que vous êtes assis devant un pot de vin tout parfumé, et que c’est un vieux joueur de fifre qui vous parle. Notre pays, mon bon monsieur, n’a pas toujours été un endroit mort et sans renom, comme il est aujourd’hui. Autre temps, il s’y faisait un grand commerce de meunerie, et, dix lieues à la ronde, les gens des mas nous apportaient leur blé à moudre… Tout autour du village, les collines étaient couvertes de moulins à vent. De droite et de gauche on ne voyait que des ailes qui viraient au mistral par-dessus les pins, des ribambelles de petits ânes chargés de sacs, montant et dévalant le long des chemins ; et toute la semaine c’était plaisir d’entendre sur la hauteur le bruit des fouets, le craquement de la toile et le Dia hue ! des aides-meuniers… Le dimanche nous allions aux moulins, par bandes. Là-haut, les meuniers payaient le muscat. Les meunières étaient belles comme des reines, avec leurs fichus de dentelles et leurs croix d’or. Moi, j’apportais mon fifre, et jusqu’à la noire nuit, on dansait des farandoles. Ces moulins-là, voyez-vous, faisaient la joie et la richesse de notre pays. Le secret de Maître Cornille de Alphonse DAUDET EXTRAIT 2 Malheureusement, des Français de Paris eurent l’idée d’établir une minoterie à vapeur, sur la route de Tarascon. Tout beau, tout nouveau ! Les gens prirent l’habitude d’envoyer leurs blés aux minotiers, et les pauvres moulins à vent restèrent sans ouvrage. Pendant quelque temps ils essayèrent de lutter, mais la vapeur fut la plus forte, et l’un après l’autre, pécaïre* ! Ils furent tous obligés de fermer… On ne vit plus venir les petits ânes… Les belles meunières vendirent leurs croix d’or… Plus de muscat ! Plus de farandole !… Le mistral avait beau souffler, les ailes restaient immobiles… Puis, un beau jour, la commune fit jeter toutes ces masures à bas, et l’on sema à leur place de la vigne et des oliviers. Pourtant, au milieu de la débâcle, un moulin avait tenu bon et continuait de virer courageusement sur sa butte, à la barbe des minotiers. C’était le moulin de maître Cornille, celui-là même où nous sommes en train de faire la veillée en ce moment. ![]() Le secret de Maître Cornille de Alphonse DAUDET EXTRAIT 3 Maître Cornille était un vieux meunier, vivant depuis soixante ans dans la farine et enragé pour son état. L’installation des minoteries l’avait rendu comme fou. Pendant huit jours, on le vit courir par le village, ameutant le monde autour de lui et criant de toutes ses forces qu’on voulait empoisonner la Provence avec la farine des minotiers. « N’allez pas là-bas, disait-il ; ces brigands-là, pour faire le pain, se servent de la vapeur, qui est une invention du diable, tandis que moi je travaille avec le mistral et la tramontane, qui sont la respiration du bon Dieu… » Et il trouvait comme cela une foule de belles paroles à la louange des moulins à vent, mais personne ne les écoutait. Alors, de rage, le vieux s’enferma dans son moulin et vécut tout seul comme une bête farouche. Il ne voulut pas même garder près de lui sa petite-fille Vivette, une enfant de quinze ans, qui, depuis la mort de ses parents, n’avait plus que son grand au monde. La pauvre petite fut obligée de gagner sa vie et de se louer un peu partout dans les mas, pour la moisson, les magnans* ou les olivades*. Et pourtant son grand-père avait l’air de bien l’aimer, cette enfant-là. Il lui arrivait souvent de faire ses quatre lieues à pied par le grand soleil pour aller la voir au mas où elle travaillait, et quand il était près d’elle, il passait des heures entières à la regarder en pleurant… Dans le pays on pensait que le vieux meunier, en renvoyant Vivette avait agi par avarice ; et cela ne lui faisait pas honneur de laisser sa petite-fille ainsi traîner d’une ferme à l’autre, exposée aux brutalités des baïles* et à toutes les misères des jeunesses en condition. On trouvait très mal aussi qu’un homme du renom de maître Cornille, et qui, jusque là, s’était respecté, s’en allât maintenant par les rues comme un vrai bohémien, pieds nus, le bonnet troué, la taillole* en lambeaux… Le fait est que le dimanche, lorsque nous le voyions entrer à la messe, nous avions honte pour lui, nous autres les vieux ; et Cornille le sentait si bien qu’il n’osait plus venir s’asseoir sur le banc d’oeuvre*. Toujours il restait au fond de l’église, près du bénitier, avec les pauvres. Dans la vie de maître Cornille il y avait quelque chose qui n’était pas clair. Depuis longtemps personne, au village, ne lui portait plus de blé, et pourtant les ailes de son moulin allaient toujours leur train comme devant... Le soir, on rencontrait par les chemins le vieux meunier poussant devant lui son âne chargé de gros sacs de farine. Le secret de Maître Cornille de Alphonse DAUDET EXTRAIT 4 — Bonnes vêpres*, maître Cornille ! lui criaient les paysans ; ça va donc toujours, la meunerie. — Toujours, mes enfants, répondait le vieux d’un air gaillard. Dieu merci, ce n’est pas l’ouvrage qui nous manque. Alors, si on lui demandait d’où diable pouvait venir tant d’ouvrage, il se mettait un doigt sur les lèvres et répondait gravement : « Motus ! je travaille pour l’exportation… » Jamais on n’en put tirer davantage. Quant à mettre le nez dans son moulin, il n’y fallait pas songer. La petite Vivette elle-même n’y entrait pas… Lorsqu’on passait devant, on voyait la porte toujours fermée, les grosses ailes toujours en mouvement, le vieil âne broutant le gazon de la plate-forme, et un grand chat maigre qui prenait le soleil sur le rebord de la fenêtre et vous regardait d’un air méchant. Tout cela sentait le mystère et faisait beaucoup jaser le monde. Chacun expliquait à sa façon le secret de maître Cornille, mais le bruit général était qu’il y avait dans ce moulin-là encore plus de sacs d’écus que de sacs de farine. À la longue pourtant tout se découvrit ; voici comment : En faisant danser la jeunesse avec mon fifre, je m’aperçus un beau jour que l’aîné de mes garçons et la petite Vivette s’étaient rendus amoureux l’un de l’autre. Au fond je n’en fus pas fâché, parce qu’après tout le nom de Cornille était en honneur chez nous, et puis ce joli petit passereau de Vivette m’aurait fait plaisir à voir trotter dans ma maison. Seulement, comme nos amoureux avaient souvent occasion d’être ensemble, je voulus, de peur d’accidents, régler l’affaire tout de suite, et je montai jusqu’au moulin pour en toucher deux mots au grand-père… Ah ! le vieux sorcier ! il faut voir de quelle manière il me reçut ! Impossible de lui faire ouvrir sa porte. Je lui expliquai mes raisons tant bien que mal, à travers le trou de la serrure ; et tout le temps que je parlais, il y avait ce coquin de chat maigre qui soufflait comme un diable au-dessus de ma tête. Le vieux ne me donna pas le temps de finir, et me cria fort malhonnêtement de retourner à ma flûte ; que, si j’étais pressé de marier mon garçon, je pouvais bien aller chercher des filles à la minoterie… Pensez que le sang me montait d’entendre ces mauvaises paroles ; mais j’eus tout de même assez de sagesse pour me contenir, et, laissant ce vieux fou à sa meule, je revins annoncer aux enfants ma déconvenue… Ces pauvres agneaux ne pouvaient pas y croire ; ils me demandèrent comme une grâce de monter tous deux ensemble au moulin, pour parler au grand-père… Je n’eus pas le courage de refuser, et prrrt ! Voilà mes amoureux partis. Le secret de Maître Cornille de Alphonse DAUDET EXTRAIT 5 Tout juste comme ils arrivaient là-haut, maître Cornille venait de sortir. La porte était fermée à double tour ; mais le vieux bonhomme, en partant, avait laissé son échelle dehors, et tout de suite l’idée vint aux enfants d’entrer par la fenêtre, voir un peu ce qu’il y avait dans ce fameux moulin… Chose singulière ! La chambre de la meule était vide… Pas un sac, pas un grain de blé ; pas la moindre farine aux murs ni sur les toiles d’araignée… On ne sentait pas même cette bonne odeur chaude de froment écrasé qui embaume dans les moulins… L’arbre de couche* était couvert de poussière, et le grand chat maigre dormait dessus. La pièce du bas avait le même air de misère et d’abandon : un mauvais lit, quelques guenilles, un morceau de pain sur une marche d’escalier, et puis dans un coin trois ou quatre sacs crevés d’où coulaient des gravats et de la terre blanche. C’était là le secret de maître Cornille ! C’était ce plâtras qu’il promenait le soir par les routes, pour sauver l’honneur du moulin et faire croire qu’on y faisait de la farine… Pauvre moulin ! Pauvre Cornille ! Depuis longtemps, les minotiers leur avaient enlevé leur dernière pratique. Les ailes viraient toujours, mais la meule tournait à vide. Les enfants revinrent tout en larmes, me conter ce qu’ils avaient vu. J’eus le coeur crevé de les entendre… Sans perdre une minute, je courus chez les voisins, je leur dis la chose en deux mots, et nous convînmes qu’il fallait, sur l’heure, porter au moulin Cornille tout ce qu’il y avait de froment dans les maisons… Sitôt dit, sitôt fait. Tout le village se met en route, et nous arrivons là-haut avec une procession d’ânes chargés de blé, — du vrai blé, celui-là ! Le moulin était grand ouvert… Devant la porte, maître Cornille, assis sur un sac de plâtre, pleurait, la tête dans ses mains. Il venait de s’apercevoir, en rentrant, que pendant son absence on avait pénétré chez lui et surpris son triste secret. — Pauvre de moi ! disait-il. Maintenant, je n’ai plus qu’à mourir… Le moulin est déshonoré. Le secret de Maître Cornille de Alphonse DAUDET EXTRAIT 6 À ce moment, les ânes arrivent sur la plate-forme, et nous nous mettons tous à crier bien fort comme au beau temps des meuniers : — Ohé ! Du moulin !… Ohé ! Maître Cornille ! Et voilà les sacs qui s’entassent devant la porte et le beau grain roux qui se répand par terre, de tous côtés… Maître Cornille ouvrait de grands yeux. Il avait pris du blé dans le creux de sa vieille main et il disait, riant et pleurant à la fois : — C’est du blé !… Seigneur Dieu !… Du bon blé !… Laissez-moi, que je le regarde. Puis, se tournant vers nous : — Ah ! je savais bien que vous me reviendriez… Tous ces minotiers sont des voleurs. Nous voulions l’emporter en triomphe au village. — Non, non, mes enfants ; il faut avant tout que j’aille donner à manger à mon moulin… Pensez donc ! Il y a si longtemps qu’il ne s’est rien mis sous la dent ! Et nous avions tous des larmes dans les yeux de voir le pauvre vieux se démener de droite et de gauche, éventrant les sacs, surveillant la meule, tandis que le grain s’écrasait et que la fine poussière de froment s’envolait au plafond. C’est une justice à nous rendre : à partir de ce jour-là, jamais nous ne laissâmes le vieux meunier manquer d’ouvrage. Puis, un matin, maître Cornille mourut, et les ailes de notre dernier moulin cessèrent de virer, pour toujours cette fois… Cornille mort, personne ne prit sa suite. Que voulez-vous, monsieur !… Tout a une fin en ce monde, et il faut croire que le temps des moulins à vent était passé comme celui des coches sur le Rhône, des parlements et des jaquettes à grandes fleurs. Fiche du mot « sentiment » Définition proposée par les élèves de CM2 de l’école de la Jaloustre dans le Dictionnaire des écoliers CE2/CM1/CM2 paru en 2011. Sentiment : Nom masculin Émotion ressentie face à une situation, un événement... Elle peut s'exprimer à travers le visage, la voix, les gestes... Il en existe de nombreux : colère, peur, joie, tristesse, envie, amour... Phrase d'exemple Marion a des sentiments pour Yohan, elle est amoureuse. Mots de la même famille : Sentir, sentimental, pressentiment… Synonymes Emotion Quelques sentiments :
![]() Alphonse DAUDET 1840 - 1897 P Nom, prénom : ……………………………………………………………….. ériode 1 – Evaluation en lecture Support : le secret de maître Cornille
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![]() | «les Riches heures du duc de Berry», raconter l’année d’un paysan du xve siècle | ![]() | «gens de la montagne» (responsable station, moniteurs esf, pisteurs-secouristes …) |