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VIEUX-HABITANTS « Bay koko pou savon » fera-t-il encore recette ? Yvor J. LAPINARDFrance-Antilles Guadeloupe09.05.2011 ![]() A Cousinière, on essaie de bousculer les habitudes en revenant sur une pratique qui aura marqué l'histoire de la Guadeloupe. Il y a des savoir-faire incroyables qui méritent d'être encouragés et accompagnés... Jeanny Cantal et son père Germain fabriquent leur savon naturel au coco.On se trouve sur les hauteurs de Vieux-Habitants, dans le secteur de Cousinière. Plus précisément chez les Cantal. Sur ce petit lopin de terre, on est entouré d'arbres fruitiers de toutes sortes. Des manguiers, un châtaignier, des cocotiers, des goyaviers... On y trouve aussi une multitude de plantes médicinales, tout comme des poules, des oies... Visiblement, chez les Cantal, dans cet espace où il fait bon vivre, on n'a pas le temps de s'ennuyer. Et comme si les activités de leur association Iretra (Institut régional d'élevage, de transformation et de recherche agricole) ne suffisent pas, Germain et sa fille Jeanny se plaisent à expérimenter des productions. Ce jour-là, Jeanny décide de produire du savon 100% coco. Ne cherchons pas de laboratoire. Tout se passe dans la cuisine. La jeune femme doit travailler de manière entièrement artisanale, d'autant plus qu'il s'agit de consommation familiale. Que lui faut-il ? Une gazinière, une centrifugeuse, une batteuse, une casserole et autres petits récipients, des moules de fortune... Souvenir de l'époque du gouverneur Sorin Quelque chose de tout à fait invraisemblable pour les jeunes générations. Mais ce procédé, les anciens qui ont vécu l'époque (1940-1943) du gouverneur Sorin le connaissent bien. Cette période de l'histoire de la Guadeloupe fut assez particulière. Le travail et la production, le système D, la créativité, l'autosuffisance, la solidarité, l'échange,etc., étaient des mots à la mode. Pour faire face à la dépendance extérieure, les Guadeloupéens s'étaient remis au travail avec ferveur et volonté en démultipliant tout d'abord la production de denrées. Un terme restera gravé dans les mémoires : c'est « Bay koko pou savon » . Il symbolisait le fait qu'il faillait donner des noix de coco en échange de savon. Du donnant-donnant. Le concept avait été créé par un savonnier habissois... L'échange fut un élément important à la résistance des Guadeloupéens. C'est sur ce fait de l'histoire que les Cantal s'appuient aujourd'hui. « Il y a des savoir-faire incroyables en Guadeloupe qui méritent d'être encouragés et accompagnés, explique Jeanny. Ce n'est pas un appel à produire jusqu'à l'auto-suffisance, parce que le niveau de développement qu'a atteint la Guadeloupe (même si des écarts avec l'Hexagone et des injustices sont à déplorer), la petitesse de l'île, le déficit en matières premières, la pression démographique, la mondialisation, ou encore les contraintes structurelles font que cela ne peut s'envisager. Toutefois, il faut développer l'élevage, les productions diversifiées et l'agrotransformation. » - Le seul savon qui mousse dans l'eau de mer Le gouverneur Sorin avait appelé les Guadeloupéens à la résistance, à « l'effort guadeloupéen » pour un développement endogène. Iretra décide de promouvoir son côté artisanal dans la fabrication du savon, en particulier celui à l'huile de noix de coco extraite à froid et une partie de son jus. Pour impulser cette dynamique qui est à saluer, l'association Iretra fait découvrir ses initiatives, comme c'est le cas actuellement à Vieux-Habitants, dans le cadre de la fête patronale placée cette année sur le thème de l'environnement et du développement durable. Pour l'occasion, un atelier de savonnerie « Sophie nature » est mis en place. La volonté de Jeanny et Germain Cantal : bousculer les habitudes. « Le savon 100% coco est le seul savon qui mousse dans l'eau de mer, apprend-on chez les Cantal. Nous sommes entourés de mer. Pensons à nos pêcheurs et aux plaisanciers à qui cela serait très utile. » Et de poursuivre : « Le fait que le savon est fabriqué sans produit chimique lui confère des qualités non négligeables. Il est biodégradable et reste un puissant antiseptique. » ![]() ![]() - Huit heures de préparation Les Cantal ont commencé à réfléchir à cette production de savon 100% coco, dès la fin des années 1980. Mais Germain, sexagénaire, veut en faire depuis l'âge de 15 ans. Aujourd'hui, il veut encourager sa fille à qui il apporte une multitude de conseils. C'est lui va ramasser le coco, avant de le couper pour en extraire la chair. La petite peau de couleur marron est ensuite enlevée. Un geste important dont dépendra la couleur du produit fini. Puis Jeanny le passe à la centrifugeuse pour obtenir le jus, si hydratant. En le mettant au frais, l'huile remonte à la surface. Pour le récupérer, on le passera légèrement au feu, à une température de 40°. C'est cette matière grasse qui intéresse Jeanny. Il faut une trentaine de cocos pour en obtenir 600 ml. Pour obtenir avec précision le poids de cette huile, une balance spécifique est utilisée, car il faut absolument respecter les proportions au moment d'ajouter la soude cauqtique nécessaire à la fabrication du savon. Pour 1000 g d'huile de coco, il faut 161 g de soude et 350 g d'eau sans chlore. De plus, il faut tenir compte de ce petit apport en eau qui n'a pu être évité lors de l'extraction de la graisse du jus de coco. À partir du moment où on a commencé le procédé, on s'y attache entièrement. Pas question d'aller répondre à un appel téléphonique! Il faut diluer la soude caustique dans l'eau. Le mélange a fait grimper la température. Or, celui-ci doit demeurer à 40°. Il faut laisser refroidir. Si on veut que le savon adopte une couleur jaunâtre ou rougeâtre, on ajoutera un peu d'huile de palme bio, ou du roucou. Puis on passera le tout à la batteuse jusqu'à obtention d'une pâte homogène et compacte avec laquelle on emplira des moules. Attention, à ne pas abîmer ses yeux et ses mains. La soude caustique est un produit très dangereux. Jeanny et Germain se munissent de gants et de lunettes de protection. Huit heures plus tard, le savon est prêt à être démoulé. Une journée aura été nécessaire à Jeanny. Quant au savon, il devra encore se reposer pendant encore quatre semaines avant de l'utiliser pour le bain. ![]() - Une harmonie à instaurer entre les hommes et la nature L'incitation à préserver ce que nous possédons de la nature, à développer les secteurs d'avenir comme les énergies renouvelables, à reconsidérer le potentiel de la Guadeloupe, à favoriser les alternatives aux produits chimiques, à développer l'agriculture biologique, sont autant de valeurs que l'association Iretra prône depuis plus de dix ans en Guadeloupe. « L'agriculture biologique est basée sur le développement durable, explique le président Germain Cantal. C'est donc un mode de production durable pour la culture de la terre, l'élevage des animaux et la transformation des produits, qui respecte l'environnement, le bien-être animal et la biodiversité, puisqu'il s'agit de ne pas utiliser de pesticide, d'insecticide, d'herbicide, ni d'engrais de synthèse afin de respecter la santé des sols et a fortiori celle des plantes, des animaux et des humains. De ce fait, c'est la seule agriculture d'excellence dans le monde qui instaure une harmonie entre les hommes et l'environnement. » http://www.guadeloupe.franceantilles.fr/regions/cote-sous-le-vent/bay-koko-pou-savon-fera-t-il-encore-recette-09-05-2011-122562.php |
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