Numéros des pages
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1
| Le chapeau rouge retrouve un ancrage dans la réalité puisqu’il est posé sur la tête d’un personnage (femme promenant son chien)
Rupture 1: ce n’est pas une femme, c’est un gorille accompagné d’un enfant singe
Rupture 2: le regard repasse sur le chapeau rouge et glisse le long de la balustrade jusqu’à l’autre chapeau. Le chapeau redevient signe
| Un univers rassurant, presque banal: une maison avec pelouse et barrière devant, forêt derrière
Un univers qui n’est pas si banal que cela, c’est celui d’Anthony Browne
Un univers finalement étrange sous son aspect banal
| Edward Hopper:
Maison près du chemin de fer, 1925
Maison victorienne, 1925
René Magritte: La boîte de Pandore, 1951
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Maintenant on sait que dans cet album, les illustrations qui s’offrent en 1ère lecture (lecture superficielle) sont à fouiller. Il faut y chercher l’intrus, l’insolite, l’étrange ; et que cet étrange est à relier à un référentiel.
| Une construction spatiale particulière: - 1er plan = gros plan => tout ne rentre pas dans l’image ( chien à D – sans doute enfant à G)
- arrière plan très lointain avec forme arrondie qui se retrouvera à chaque fois (comme 1 prise de vue avec un très grand angle)
- pas de plan intermédiaire
éléments déroutants: le Petit Prince de Saint-Exupéry près d’un réverbère couronné
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Saint-Exupéry:
Le Petit Prince
L’allumeur de réverbère
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3
| C’est une scène de parc public.
Sur la gauche, existe un autre personnage, un autre univers peut-être, qui semble intéresser le « garçon ».
| Les chiens: ce sera 1 constante dans toutes les scènes de parc sauf les entrées et sorties Cadrage coupure à G
Un arbre diffère des autres avec son tronc penché (devant les autres au tronc vertical) Les ombres: l’homme dans le sous bois promène une ombre crocodile, l’arbre penché a une ombre flamme Les frondaisons réalisées par petites touches de peinture (de même que l’herbe)
| René Magritte:
Le principe d’incertitude, 1944 Georges Seurat: 1884
Un dimanche d’été à la Grande Jatte,
Paul Signac:
Le sentier de douane, 1905
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4
| Dans ce parc, ouvert à tous, se révèlent des univers différents, séparés par le fût d’un réverbère qui coupe l’image tel une frontière infranchissable ; univers distincts marqués par les attitudes corporelles, les vêtements.
Les frondaisons et la photo à la une du journal annoncent le cri de la mère qui apparaît à l’illustration de la page suivante
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Les ombres l’ombre crocodile est devenue indépendante, celle de l’arbre penché se troue
Les frondaisons s’ébouriffent et crient
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5
| La mère est toute à son cri. L’arbre, tout à D en arrière plan, est poussé hors cadre par le souffle et il en perd ses feuilles.
| Construction de l’espace: cf page 2
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Edouard Munch:
Le cri, 1910
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6
| Illustration très proche de la couverture ; on peut chercher les différences (chiens, massifs du fond de chemin)
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| Diverses photographies présentant cette perspective et cette symétrie (Le Taj Mahal, perspective d’eau et de palmiers)
David Hockney:
Le parc des sources, Vichy, 1970
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7
| Image lisse, léchée, baignant dans une belle lumière dorée de fin de journée
Rigidité, austérité de l’attitude de la mère => présence physique forte
| Opposition entre le traitement lisse du ciel, de l’allée, du mur, des piliers, du trottoir et le pointillisme minutieux des arbres et arbustes
Les traces de pas (d’une seule personne, alors qui les laisse ?) en feuilles mortes Les flammes: au niveau de l’arbre, de la pointe sur la grille | Georges Seurat: 1884
Un dimanche d’été à la Grande Jatte,
Paul Signac:
Le sentier de douane, 1905
René Magritte:
L’échelle de feu, 1939
Les droits de l’homme, 1947
Richard Lindner:
La rencontre, 1976
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8
| Le personnage est isolé dans sa solitude (même si le chien est là, il n’a pas d’existence propre, il est englobé dans la silhouette générale), cerné par un contour d’ombre, plaqué sur le fond blanc. Il nous parle d’un monde morne et triste.
| Couleurs grisées
| David Hockney:
Christopher Isherwood et Don Bachardy, 1968
Alberto Giacometti Portrait de Jean Genet, 1955
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9
| Image de tristesse, de spleen, de désespérance montrant un univers déshumanisé:
tours aveugles, mur de briques surmonté de tessons de bouteilles et d’un grillage serré, tag, caniveau avec détritus et rat, arbres dénudés, noirs, courbés (même chose pour le lampadaire éteint). L’automne a fait place à l’hiver.
personnages juxtaposés sans liens entre eux, sans communication: passants courbés, et Père Noël mendiant, réduits à l’état « d’objets » comme les personnages des toiles qui se noient dans leurs larmes.
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Tableaux posés sur le trottoir, personnages transformés adoptant la désespérance ambiante
| Franz Hals:
Cavalier souriant, 1624
Léonard de Vinci:
La Joconde, 1505
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10
| Illustration à mettre en parallèle avec celle de la page 2 On peut comparer les couleurs, les attitudes et les mettre en relation avec ce qu’on a déjà repéré des personnages.
| Eléments insolites: Mary Popins qui s’envole avec son parapluie
Les fumées des 2 grosses cheminées qui ne vont pas dans le même sens
Le mouvement de la queue du chien
| Giacomo Balla:
Dynamisme d’un chien en laisse, 1912
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11
| Le parc est devenu sous-bois.
Rupture: Le parc, devenu sous bois, nous entraîne dans un univers mystérieux, végétal (tout est vert), dense, figé, inquiétant, dans lequel les deux chiens passent, fantomatiques. C’est le monde de l’insolite, de l’illusion, du détournement.
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Eléments insolites:
Le réverbère qui diffuse un halo bleuté en plein milieu du bois
Un tronc d’arbre coupé par la course des chiens
Des racines pieds sur l’arbre du 1er plan
Des arbres éléphants au fond
| André Derain
La forêt de Fontainebleau René Magritte:
L’empire des lumières, 1954 Le blanc-seing, 1965
Le modèle rouge, 1937
L’île au trésor, 1942
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12
| L’image renvoie à l’idée de solitude : « l’homme » est seul, enfermé derrière son journal, devant un arrière plan hivernal (même si l’herbe y est trop verte)
Dans le journal, une photo de la une reprend le tableau de Munch (élément relevé précédemment)
| Eléments insolites : une sorte de gag visuel, lié directement à l’association des 2 plans (plan rapproché et arrière plan lointain): sur le bonnet du personnage « poussent » 2 arbres et un banc occupe la place du pompon.
Construction de l’espace: cf. pages 2, 5 et 10
| Procédé utilisé dans les séquences annonçant la publicité sur une chaîne de télévision nationale
Edouard Munch:
Le cri, 1910
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13
| C’est la même rue qu’à la page 9, pourtant tout est changé. Un relevé des transformations opérées s’impose : ciel étoilé, arbres redressés et parés de lumières, tours mosaïquées de lumières colorées, grillage disparu, cœur recollé sur le tag, trottoir propre, lampadaire prenant la forme d’un perce-neige, lumière chaude, c’est un monde ayant repris goût à la vie, au bonheur. C’est un monde où les hommes se regardent, communiquent, tissent du lien social et affectif.
| Les lumières Lampadaire fleur
King Kong sur le toit d’une tour Personnages dansant: le Père Noël, la Joconde et le Cavaler souriant La rose dans les dents de la Joconde Les traces de pas de la fillette
| Van Gogh:
La nuit étoilée, 1888 Le mouvement Art Nouveau qui utilise abondamment les formes végétales dans ses réalisations
Tiffany: lampe, 1900
Louis Majorelle:
lampe nénuphars, 1903
Le film King Kong
Franz Hals: Cavalier souriant, 1624
Léonard de Vinci: La Joconde, 1505
Ancienne pub pour un dentifrice devenue archétype
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14
| L’image est dénudée, grise, le dessin est griffé, comme une gravure. L’enfant est seul dans un espace vide s’ouvrant sur des perspectives vides, image d’un univers de vacuité, d’enfermement.
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| Maurits Cornelis Escher:
Escalier sous voûtes, 1931
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15
| On retrouve l’idée de solitude, de tristesse de l’illustration précédente avec en plus une menace imprécise mais réelle marquée par cette ombre chapeautée qui se répète à l’infini dans les nuages, l’arbre et les réverbères.
La joie, l’insouciance n’appartiennent pas au monde du « gamin ». Elles font partie du monde des enfants qui jouent au loin (repérables à leurs vêtements aux couleurs vives).
| L’ombre à chapeau
Le ciel bleu et les nuages enfermés Les lampadaires Les arbres squelettisés | Le film de Fritz Lang: M le Maudit
René Magritte:
La grande famille, 1963
Décalcomanie, 1966
L’empire des lumières, 1954
La recherche de l’absolu, 1960 |
16
| Une image coupée en 2 par le fût d’un lampadaire, 2 regards opposés sur le monde (les yeux sur la base du lampadaire regardent dans des directions opposées) , une ambiance bipolaire :
- d’un côté, le monde du gamin, gris, terne (paysage hivernal) où chacun va seul, sans entraide (tandem)
- de l’autre, celui de la fillette, plein de fantaisie (les 2 tours devenues château, le réverbère une jonquille), plein de joie (couleurs claires, lumineuses, paysage printanier)
Pourtant des passages existent entre ces 2 mondes opposés. Les chiens en ont trouvé un, le regard des enfants, un autre.
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17
| La présence de la fillette apporte de la couleur à l’univers du gamin. Apparaissent des percées de bleu dans le ciel de tourbe, les ombres au sol se déchirent, les arbres et les perce-neige fleurissent, les chapeaux s’éloignent.
Elle lui montre une voie brillante, lisse, droite (toboggan) qui lui permettra d’exister (son reflet apparaît dans le métal du toboggan) et de prendre pied, de s’ancrer de façon stable (comme le toboggan)
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18
| Un paysage à la composition géométrique faite d’horizontales (l’herbe, l’allée, la balustrade, les arbres fleuris, le ciel et même la course des chiens) et de verticales (les statues sur leur socle, les balustres, le pot à fleurs et l’axe de symétrie). On peut faire rechercher toutes les lignes de construction de cette image.
Le chapeau (présence implicite de la mère) est encore là.
| Des éléments insolites: les statues, leur attitude, leurs éléments de costume, les accessoires, et pour celle de G, une impression de « presque vie »
L’image répétitive obtenue par les vides de la balustrade: des profils affrontés ou opposés
| René Magritte:
Les verres fumés, 1951 Le chant de la violette, 1951
Maurits Cornelis Escher:
Huit têtes, 1922
Limite circulaire IV, 1960
René Magritte:
Le mois des vendanges, 1959
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19
| Une scène de jardin d’enfants
| Un cadre fait du jeu-échelle qui limite l’univers des 2 enfants
Une végétation traitée différemment (en frise aux feuilles développées et détaillées)
La vitesse du balancement de la fillette
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Le douanier Rousseau:
Le rêve, 1910
Matisse: Vitrail de la chapelle du Rosaire, 1947 - 1950
La représentation de la vitesse est une des préoccupations du futurisme
Giacomo Balla:
Velocita astratta, l’auto e passata, 1913
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20
| Un univers intimiste, doux, spécifique aux 2 enfants, un univers de liberté (ils sont dans un mouvement d’ascension)
| Une prise de vue en contre plongée Des couleurs pastelles en petites touches
| Paul Signac:
Le sentier de douane, 1905
Léo Gestel:
Arbre d’automne, 1910
Jacques Gruber:
Vitrail Le tulipier, 1899
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21
| C’est une ambiance de mélancolie, de fin de journée, de fin de quelque chose ; la mère remet la main sur l’épaule de son fils et l’entraîne loin de ce qu’il vient de vivre ; on lit un regret chez le gamin qui se retourne et laisse des traces de pas en pétales roses (il perd progressivement du merveilleux vécu à l’illustration précédente)
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Elément insolite la statue de Cupidon gorille
| Edward Hopper:
Shakespeare au crépuscule, 1935 Canova:
Cupidon, bronze du XVIIIème
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22
| Une entrée dans un monde de féerie enfantine, de fantaisie, de plaisir, de couleurs, de lumière
| Des arbres étonnants: arbre fraise, arbre au tronc vermillon Une tour et un réverbère multicolores Un réverbère couronné Des rondeurs | David Hockney:
Arbre pacifique, 1964
Univers de dessins animés, de parcs d’attraction
Le monde de Botero
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23 23 (suite)
| C’est l’évocation de la colère, de l’indignation
| Cadrage et construction de l’espace:
cf page 5, cf page 12 (gag visuel: autour des chiens)
point de vue en contre plongée créant un raccourci saisissant et imposant
des caractéristiques liées à la BD : des éléments qui s’envolent (chapeau, fleurs du foulard), les traits (devenus coups de pinceau) qui accompagnent le chapeau
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Le Caravage (Michelangelo Merisi)
La cène à Emmaüs, 1600
Robert Delaunay Tour Eiffel, 1926
Air, fer et eau, 1936
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24
| On est dans un univers de rondeur, de douceur visuelle et gustative (les arbres fruits), d’abondance et de joie de vivre, de couleurs gaies et lumineuses, mais barré par la mère et son chapeau, marquée de nombreux triangles, isolant le gamin de cet environnement
| Des éléments insolites: une bordure d’arbres fruits
| René Magritte:
Les belles réalités, 1964
La chambre d’écoute I, 1953
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25
| Image à mettre en relation avec l’illustration de la page 17
L’axe de la balançoire reprend la rampe du toboggan, mais cette fois le gamin est en bas, bien posé sur le sol, ancré dans la réalité, tandis que la fillette qui se plait dans l’imaginaire, est dans les airs, et se découpe sur une forêt d’arbres têtes.
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Des réverbères Père Noël Des éléments insolites: des arbres aux frondaisons en forme de tête (de gorille bien sûr)
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Giuseppe Arcimboldo:
Le printemps, 1573
Salvador Dali:
Les trois sphinx de Bikini, 1947
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26
| Un monde ludique et joyeux
| De multiples éléments insolites:
Un Poséidon gorille (avec la posture du David de Michel-Ange), des Tritons gorilles, une fontaine aquarium
Des arbres aux troncs multicolores,
Des arbres aux frondaisons baleines (queue, souffle)
| Michel-Ange (Michelangelo Buonarroti) David, entre 1501 et 1504
David Hockney: Arbre pacifique, 1964
René Magritte: Le domaine d’Arnheim, 1962
L’île au trésor, 1942
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27
| Une scène de fête, de jeux dans un univers clos où seuls les animaux et les enfants ont leur place
| Un univers de lumière contenu dans une cadre manège, entouré de nuit
| René Magritte:
L’empire des lumières, 1954
David Hockney:
Arlequin, 1980
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28
| Scène nocturne dans un paysage déjà visité à la page 6 et sur la couverture, mais cette fois, les ombres strient l’herbe de bandes rayonnantes tandis que quelques petites touches de lumière animent les feuillages.
Les enfants sont nimbés d’une aura lumineuse, illustrant la chaleur de l’amitié
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| William Degouve de Nuncques: Nocturne au parc royal de Bruxelles, 1897
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29
| Le retour à la maison du gamin et de sa mère. Le chapeau est toujours présent, représenté 4 fois, superposé même (celui, rouge de la mère, surmonté de celui de pierre du pilier). Mais son poids, renforcé par la main posée sur l’épaule du gamin, ne suffit plus à le faire rentrer dans le moule initial; en effet, pour la première fois, l’ombre du gamin se différencie de celle de sa mère. Il est comme libéré par ce qu’il vient de vivre et qu’il regarde encore.
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30
| Un retour à la maison avec un souvenir heureux Une installation cadre
| Le décor de la tasse reprend une scène de parc avec les chiens
| David Hockney:
Fuji-Yama et fleurs, 1972
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