télécharger 24.01 Kb.
|
Conférence Marcel Dorigny, maître de conférence à Paris VIII, 27/11/2013 Thème : L’abolitionnisme de l’esclavage. Introduction Comment sortir de l’esclavage ? Quels sont les débats de la fin du 18ème siècle ? Comment faire cohabiter droits de l’homme et esclavage au début de la révolution ? Les débats des Lumières et la question de l’esclavage. Comment s’est-elle mise en place cette question. Trois phases :
Question de la salle : les chrétiens n’avaient pas remis en cause l’esclavage auparavant ? Réponse : L’esclavage entre chrétiens seulement. L’Eglise ne remet donc pas en cause réellement l’esclavage. Dans les années 1750 développement d’arguments économique. Une nouvelle économie naît avec Quesnay par exemple (la physiocratie) et les libéraux qui condamnent l’esclavage au nom de la liberté. Pour eux l’esclavage est sous-productif. L’esclave n’a aucun intérêt au travail qu’il fait. Ils sont favorables à la division du travail. Or le système des habitations concentraient le travail. L’habitation est une concentration verticale : sur la même propriété on récolte le produit , on le transforme et on le commercialise. Pour les libéraux la mécanisation ne peut donc pas s’accomplir. La charrue, c’est l’esclavage. Avant Adam Smith et sa richesse des nations de 1776 , il y a deux économistes français : Turgot et Condorcet. Plus tard Turgot va nuancer son propos. Les conséquences (comment en sortir ?) l’ennuient. Il n’est pas certain de trouver des volontaires pour être des travailleurs libres. Le travailleur libre serait meilleur mais il n’est pas disponible. C’est pour cela que pour Turgot on est contraint de garder l’esclavage. Pour Turgot il y a aussi le problème du coût de l’esclavage pour l’Etat en terme de répression et de contrôle. Les Anglais abolissent aussi pour cette raison. Cela coute trop cher d’armer des bateaux et rattraper des esclaves en fuite. Condorcet : Il démontre que le travail servile n’était pas rentable. Pour lui la main libre produit 7 fois plus de richesse que la main servile. Le procès contre l’esclavage est donc philosophique , théologique et économique. Mais l’esclavage n’est pas seulement économique c’est aussi un rapport politique de pouvoir où le colon est au sommet. Les colons n’ont jamais accepté le code noir par exemple. C’est une intervention de l’Etat dans le domaine privé. Le colon n’est pas forcément sensible aux arguments économiques mais même si il l’était il rejette l’abolition car il perdrait son pouvoir. On reproche à ses penseurs de ne pas donner de solutions pour en sortir.
Société des Amis des Noirs : C’est une référence maçonnique mais ce n’est pas une loge maçonnique qui suppose le secret. Or la pratique de la société est basée sur la publicité, des traductions etc. Qui sont-t-ils ? C’est une société d’élite intellectuelle et économique de la France de la fin des années 1780 : Condorcet, Brissot, forte représentation des milieux d’affaires. La société des Amis des noirs est un lobby colonial anti esclavagiste. Les amis des noirs veulent détruire l’esclavage pour que vivent les colonies. Ce sont les hommes d’affaires de la finance. Le premier président Etienne Clavière (grand banquier genevois.) Clavière est le fondateur de l’assurance-vie. Il y a trois futurs ministres des Finances. Quel est le projet ? C’est une société politique et non philanthropique. Ils n’ont pas d’action caritative ou charitable. Son programme :
C’est l’embryon de la future colonisation du 19ème siècle. Cependant le point de départ c’est l’abolition de l’esclavage. Leur plan est l’abolition graduelle de l’esclavage. Ainsi on parle plus d’extinction que d’abolition. Une abolition brutale serait dangereuse. Il faut une reconversion en douceur. Ce schéma n’a existé nulle part. L’esclavage n’est jamais mort de sa belle mort. Les esclaves sont vus comme une masse passive qui ne prendront pas d’initiative si ce n’est une révolte qui n’aboutira à rien. On accorde donc aucun rôle actif aux esclaves eux mêmes. Certains membres de la société ont des comportements très contradictoires : exemple de Jefferson proche de la société qui aura une liaison jusque la fin de sa vie avec une esclave (Sarah Hennig) et des enfants qu’il n’affranchira pas . Ces sociétés se placent dans une perspective d’évolution à moyenne durée (deux-trois générations.) Cependant l’Angleterre et les Etats-Unis abolissent la traite en 1807. Mais la traite continuera : le record de déportés est en 1827 : plus de 100000. Cette abolition de la traite sera effective après 1831 puis l’abolition de l’esclavage. Le Brésil et le Portugal continueront longtemps cependant : 1888 au Brésil, 1883 à Cuba. Le mouvement abolitionniste pense que l’esclavage va disparaître cependant après la traite. Ce sera faux . On va parfois faire de l’élevage d’esclave. Etude des deux textes : Rappel : les colonies ne sont pas convoqués pour les Etats généraux. Sous l’Ancien régime les colonies sont la chose du roi. C’est le pouvoir direct du roi qui s’applique : intendant , gouverneur. L’idée que les colonies puissent avoir un intérêt propre , différente est impensable. « Les colonies sont créées par le roi pour le roi » Paul Bert Les colons ne sont pas d’accord. Ils sont surtout gênés par le système de l’exclusif. Ils sont furieux de ne pas être présents. Se crée « un comité des colons de Saint Domingue installés à Paris » Ils font du lobbying. Louis XVI aurait dit « ah bon ces pauvres noirs ont donc des amis à Paris : qu’on les laisse .» Les colons de Saint Domingue revendiquent 36 députés aux Etats généraux alors qu’ils sont seulement 30000 colons mais en fait ils comptent les 500000 esclaves. Ils apportent un argument aux abolitionnistes. Ce sont les colons qui mettent dans le débat la question de l’esclavage. Finalement ils ont eu 6 députés. 26 Août 1789 : Déclaration des droits de l’homme : problème de l’article 1 avec le « demeurent égaux .» Dès le vote , Mirabeau membre de la société des Amis des Noirs publie le texte étudié. (pièces jointes.) La déclaration des droits n’a pas été promulguée dans les colonies. Comment s’en sort l’assemblée constituante face à la contradiction droits de l’homme/esclavage ? Le dernier article de la constitution de 1791 : Les colonies françaises quoique faisant compris de l’empire français ne font pas partie de cette constitution . C’est l’instauration du double système législatif : colonie/métropole. Cette exclusion des colonies de la déclaration des droits de l’homme est cependant une fiction juridique. L’insurrection de Saint Domingue modifie la donne. La révolte des esclaves qui commencent le 22 Août 91 fait passer la colonie sous le contrôle des insurgés. Dans l’impossibilité de résister aux masses noires les représentants de la république (Sonthonax etc.) vont être amenés à prendre une décision radicale. Leur mission initiale était d’instaurer la liberté des droits entre blancs et libres de couleurs. Les libres de couleurs de Saint Domingue possédaient 1/3 des esclaves. Pour sauver la colonie, pour chasser les étrangers le commissaire Sonthonax (premier abolitionniste de l’histoire.) Sonthonax n’ont pas le pouvoir d’abolir l’esclavage. Ils sont dans une situation intenable. Sonthonax prend la décision d’abolir. Conséquence de cette abolition. Liberté mais régime spécial pour les esclaves : Ils doivent rester sur la terre de leur ancien maître. Personne ne souhaitait une abolition immédiate. L’économie coloniale doit rester ce qu’elle est. Les esclaves deviennent des cultivateurs : C’est du travail forcé avec assignation à résidence. Ceux qui ne respectent pas sont des vagabonds. En conséquence on instaure le délit de vagabondage. Ce texte instaure donc le règlement de culture. Il y a donc deux règlements juridiques : les anciens libres et les anciens esclaves. La sortie de l’esclavage s’effectue dans des conditions ambigües. L’abolition de l’esclavage n’entraine pas de modification du régime agraire. Ce statut particulier des cultivateurs sera reproduit par les Haïtiens (code rural de 1826 en Haïti) Mais cela n’a pas été appliqué. Aucune force n’a pu empêcher la désertion des esclaves. Les esclaves ont créé leur société paysanne. Haïti est la seule société paysanne des Caraïbes aujourd’hui encore. Cela entrainera la création d’un Etat souverain. La population noire prend le pouvoir. Exceptionnel. L’Etat haïtien se retrouve sans ressource. L’indépendance est reconnue en 1825. Mais Haïti doit payer en franc-or. Mais il n’y a rien à exporter. L’Etat haïtien instaure un impôt en nature. Il oblige chaque famille à cultiver du café. La dette est payée par du café. Etude d’un tableau : Le premier député noir Belley par Girodet à coté du buste Raynal. C’est le dernier des grands philosophes vivants. Au début de la révolution Raynal, vieux a envoyé une lettre à l’assemblée constituante où il renie ce qu’il a écrit. A sa mort on ne parle pas de Raynal. Difficile de comprendre pourquoi Raynal. Or ici on remet Raynal au même niveau. C’est un raccourci de la trajectoire abolitionniste. Trajectoire dont Raynal est une étape jusque l’insurrection avec la nomination de Belley. Le tableau de lethiere, le serment des ancêtres boucle la boucle. En 1820 en plein débat sur la reconnaissance d’Haiti. Tableau fait à la gloire d’Haiti. |
![]() | «Conférence sur les études françaises au xxie siècle» à l’Université de Benin, Nigéria en mars 2013 | ![]() | |
![]() | «fiche» (coeff 4) sur l’exposé, résumé si possible pas trop long, où les articulations, principaux arguments et chiffres sont bien... | ![]() | |
![]() | «Fleuves et territoire : Environnement, usages et constructions plurielles de l’espace» (2013- ) sous la direction de François de... | ![]() | «Les traites négrières coloniales, histoire d’un crime», réalisé par des chercheurs historiens sous la direction de Marcel dorigny... |
![]() | «parentalité à 360 °». De plus les salariés de province et d’ile de France ne vivent pas les mêmes soucis de transport ou d’isolation... | ![]() | «La jeunesse n’est qu’un mot», in Pierre bourdieu, Questions de sociologie, Paris, Les éditions de Minuit, 1984, p. 143-154 |
![]() | ![]() |