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Pour qu’une ville atteigne un ICCI de 0, elle devrait enregistrer 0 pour chacun des indices composants, et pour atteindre 100 obtenir également 100 pour chacun des indices. Le classement obtenu permet de différencier assez clairement les villes-centres prospères de celles qui sont confrontées à d’importantes difficultés socio-économiques. L’ICCI présente un double avantage. Il permet d’abord de prendre en considération une pluralité de dimensions (emploi, dépendance, instruction, logement, revenu) qui ne se recoupent pas nécessairement : une ville globalement aisée comme Paris connaît cependant des problèmes de logement beaucoup plus aigus que dans les autres villes, et une ville en difficulté comme Mulhouse connaît un taux de chômage relativement limité. Cet indice nous permet ensuite d’établir des comparaisons avec d’autres pays où il a déjà été appliqué (Etats-Unis) ou il pourrait facilement l’être (dans plusieurs pays du réseau OIM, tout dépendant de la disponibilité des données). Le score varie substantiellement entre ses deux valeurs extrêmes, de 21 pour la ville la plus prospère, Nancy, à 81 pour la deuxième ville de France et la plus en difficulté, Marseille. Il est à souligner que la plupart des villes enregistrant l’ICCI le plus élevé appartiennent au Sud-Est du pays - outre Marseille, Perpignan (81), Toulon (77), Avignon (74), Nîmes (72), Nice (70) - et au Nord - Le Havre (80), Douai (78), et Béthune (69). La capitale Paris appartient aux villes les plus favorisées avec les niveaux les plus bas de toutes les villes françaises de chômage (12%), de faible instruction (41% seulement des Parisiens ayant 25 ans et plus ont un niveau d’instruction inférieur au baccalauréat), et de bas revenu (niveau de revenu médian par habitant de 13.731 €). A l’opposé, Perpignan cumule trois records : 25% de chômeurs, 42% de personnes dépendantes, et un niveau de revenu médian quasiment deux fois plus faible qu’à Paris avec 7.559 € habitant. On constate par conséquent que la situation socio-économique des villes-centres françaises est loin de l’image réductrice tendant à les opposer à leurs homologues américaines : alors que celles-ci seraient globalement rongées par le déclin et la crise urbaine, les villes françaises maintiendraient leur statut de poumon économique et de lieux de concentration des populations les plus favorisées. Le poids toujours écrasant de Paris et de sa région sur le reste du pays (Hoffmann-Martinot 2003) contribue bien entendu à concentrer l’intérêt des médias et de nombreux observateurs sur la capitale lorsqu’ils se penchent sur les particularités et l’évolution des grandes métropoles, ville incontestablement riche et à l’abri des difficultés socio-économiques (même si pauvreté et exclusion sociale n’y sont pas absentes). Lorsqu’on y regarde de plus près, le paysage général des villes-centres apparaît beaucoup plus contrasté que ne le laissent entrevoir les zooms habituels sur Paris, ou en province sur des villes bourgeoises traditionnelles comme Lyon ou Bordeaux. Nous avons ensuite procédé de la même façon pour comparer les banlieues entre elles, à partir des mêmes indicateurs et indice s’appliquant au territoire de l’ensemble de chaque zone suburbaine (Tableau 4). Contrairement aux variables de chômage, de dépendance, d’instruction et de logement, on ne dispose pas de données sur le revenu médian de l’ensemble du territoire des banlieues. Le revenu médian n’est en effet diffusé par la DGI qu’à l’échelle de chaque commune. Pour chaque banlieue d’aire urbaine, nous avons donc construit et utilisé la variable de substitution suivante : (∑ (revenu médian municipal x population municipale)) / population totale des communes composant la banlieue Le tableau 4 montre que la variation de l’ISCI (Intercity Composite Index) est encore plus forte que celle de l’ICCI puisqu’elle s’échelonne de 92 pour la banlieue de Douai à 19 pour celle d’Annemasse. De même que nos données sur les villes permettent de corriger bon nombre d’approximations diffusées dans les médias voire dans la littérature scientifique, il apparaît que la réalité des banlieues françaises mesurée par l’indice ISCI contredit le cliché couramment répandu dans la presse et bien ancré dans de nombreux esprits selon lequel les banlieues constitueraient en France l’équivalent fonctionnel des villes-centres aux Etats-Unis. En se focalisant sur une certaine catégorie de banlieues en difficulté, on tend à ainsi à sous-estimer la grande variété des contextes suburbains et en particulier l’existence voire le développement rapide de banlieues relativement riches et prospères. Les deux tiers des espaces suburbains enregistrent en effet un score ISCI inférieur à 50 qui reflète un niveau relativement faible de difficultés socio-économiques. En suivant la même approche méthodologique que celle utilisée par Nathan et Adams (1976), nous avons essayé de comparer le classement des villes (ICCI) et de leurs banlieues (ISCI) afin de mesurer l’amplitude des correspondances ou des décalages éventuels. Des classements identiques - ville A et banlieue A classées en 1ère place, ville B et banlieue B classées en 2ème place, et ainsi de suite – tendraient à indiquer un parallélisme entre le statut relatif des villes et celui de leur environnement. A l’inverse, une non-concordance totale entre les deux classements signifierait une absence d’homologie entre villes-centres et banlieues. Le tableau 5 présente sur deux colonnes les classements respectifs des villes et de leurs banlieues en distinguant les six sextiles. Dans le tableau 6, nous avons distingué trois types de relations entre les villes et leurs banlieues. The first relationship (Type 1, Significant Disparity) includes cases where there is a difference or two sextiles groups or more between the rankings of the central city and its suburbs on the two interarea indexes. The second relationship (Type 2, Both High) includes cases in which both the central city and its suburbs rank high (having worse conditions) on the two interarea indexes. The third combination (Type 3, Both Low) includes cases in which both the central city and its suburbs rank low on the two indexes.
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