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ANIMATION PEDAGOGIQUE CYCLE 3 Année 2004-2005 – Circonscription de DREUX 2- Françoise MAGER-MAURY- CPC. HISTOIRE ET LITTERATURE A l’ECOLEINTRODUCTIONProposition de travail : S’APPUYER SUR LE ROMAN HISTORIQUE ET SUR LE PATRIMOINE LOCAL POUR ENTRER DANS L’HISTOIRE Il s’agit du croisement de deux entrées : la littérature et le patrimoine, pour aborder la notion d’Histoire ; deux entrées concrètes pour aborder un concept abstrait : le temps historique. Approche concrète, la littérature l’est ne serait-ce que par la mise en scène des personnages qui permettent l’identification du lecteur au héros, (nous verrons quels autres procédés elle utilise). Quant au patrimoine local, il permet l’observation de traces tangibles. Justification de ce parti pris : Construire une culture littéraire à l’école primaire est un objectif largement décliné dans les programmes 2002. Tout comme la mémoire, la culture se construit en établissant des liens entre les informations. Ainsi le document d’application Littérature consacre son chapitre 3 à la mise en réseau des œuvres : "Le parcours de lecture doit permettre de construire les échos - entre les œuvres lus et, quelquefois, entre celles-ci et les autres œuvres d’art rencontrées par ailleurs (peinture, photographie, musique, architecture, élément du patrimoine, etc.), - enfin entre celles-ci et les connaissances construites en histoire, géographie, sciences…" Il nous précise que cela suppose "une programmation et un respect du rythme des séquences (de littérature) et de leur durée afin que les rendez-vous avec d’autres œuvres ou connaissances complémentaires ne soient pas décalées. " Cette dimension est soulignée dans le programme de littérature : "Pour que l’élève puisse acquérir des références culturelles, il importe que les lectures ne soient pas abordées au hasard, mais se constituent, tout au long du cycle, en réseaux ordonnés : autour d’un personnage, d’un motif, d’un genre, d’un auteur, d’une époque, d’un lieu, …etc." On voit donc que la notion de programmation est centrale. La variété des genres est à aborder : poésie, théâtre, contes, albums, BD, nouvelles et romans et parmi ces derniers, les différents genres tels que l’entend le monde de l’édition : fantastiques, policiers, historiques, vie quotidienne…etc. Les récits historiques trouvent donc largement leur place à l’école élémentaire. Le programme d’histoire nous précise que les connaissances des personnages et événements majeurs "sont présentés aux élèves à travers des récits d’époque." Ces textes, différents des textes de fiction, peuvent ainsi aider les maîtres à « raconter » l’histoire. Ils fournissent la matière d’ateliers de lecture historique. " Nous reviendrons donc sur ces deux termes :
Le patrimoine local, lui, est sollicité pour atteindre plusieurs objectifs :
Le document d’application Histoire et Géographie définit l’histoire locale et régionale comme "un moyen de rendre l’approche historique plus concrète, de mettre en valeur les décalages, les spécificités d’une région. " La démarche préconisée autour de la "connaissance par traces" est celle de la méthode scientifique : questionnements, hypothèses, justifications par arguments et recherche de sens, renoncements quand elles apparaissent fausses.
Récits : ce terme sera employé plutôt que roman car la variété des genres est à prendre en compte :
On pourrait ouvrir au cinéma car nombreux sont les films historiques. (cf. Ecole et Cinéma, programme 2005 : Jacquot de Nantes : seconde guerre mondiale, enfance du cinéaste J. Demy)) HISTORIQUE DU GENRE (appui sur le T.D.C. N° 876 : le roman historique)Définition du roman historique (récit historique): Daniel Madelénat, ("Dictionnaire des littératures de langue française", Bordas, 1987) (sens large) "Fiction qui emprunte à l’Histoire une partie de son contenu" ; (sens étroit) "Forme de roman qui prétend donner une image fidèle d’un passé précis par l’intermédiaire d’une fiction mettant en scène des comportements, des mentalités, éventuellement des personnages réellement historiques. " Vrai ou vraisemblable ? Le roman historique affirme le caractère fictif de son intrigue mais s’ingénie à la rendre vraisemblable, tant par le cadre spatio-temporel que par les ressorts de l’action et les mentalités et mœurs de ses personnages. Racontant ce qui aurait pu se passer, il permet de mieux comprendre ce qui a vraiment eu lieu. Ainsi la représentation que l’on se fait, but du roman, sert en même temps d’explication. On considère Walter SCOTT comme le "père" du roman historique.. Il mettra en scène l’histoire écossaise du XVIIIe siècle, mais aussi l’histoire médiévale anglaise avec notamment "Ivanhoé" paru en 1819, celle de la France du XVIeme avec Quentin Durward, et les temps modernes sous le règne d’Elizabeth Ière avec Kenilworth. L’impulsion décisive est donnée par ses traductions, les écrivains français le reconnaissent comme ayant ouvert une voie nouvelle et publient ensuite :
En Amérique, la vogue scottienne trouve un écho avec Fenimore Cooper : Le dernier des Mohicans, 1826. V. HUGO : "après le roman pittoresque de W. SCOTT, il restera un autre roman à créer, plus beau et plus complet selon nous. C’est le roman, à la fois drame et épopée, pittoresque mais poétique, réel mais idéal, vrai…" "Enchâsser Shakespeare dans Homère", ce qui annonce Notre Dame de Paris et les Misérables. Car re-présenter, c’est présenter à nouveau, sous un nouveau jour. C’est ce que feront les Romantiques en prenant parti : raconter une intrigue pour intéresser le lecteur, mais aussi pour montrer de manière plus lisible les grandes questions que l’Histoire pose et résout (ou non) à sa manière. De là le goût pour la dramatisation et les symboles utilisés par V. Hugo par exemple. Le romancier ordonne en fonction de l’idée chargée de dire le sens. (Poésie et Histoire-légende) Le succès du roman historique est foudroyant au XIX ème siècle. Un mode de publication se développe de plus en plus : le feuilleton. De même naissent des compositions en cycles, tels les œuvres d’Alexandre Dumas allant de la Renaissance à la Révolution (Les trois Mousquetaires, La reine Margot…etc.). Citons Gustave Flaubert (Salammbô, 1862, documentation minutieuse) ; Théophile GAUTIER (Le roman de la momie, 1858, documents archéologiques), qui apportent leurs variations. Au XXème siècle, le roman historique est devenu largement dominant dans l’éventail des genres romanesques, il alimente une production de masse, tout en affirmant sa notoriété par d’incontestables chefs d’œuvres. La première guerre mondiale génère de nombreux romans de guerre, cela perdure encore aujourd’hui. De grandes sagas embrassent l’histoire des générations modernes, nécessairement liées à l’Histoire contemporaine (Roger Martin du Gard et Les Thibault, Jules ROMAIN et les Hommes de bonne volonté, Georges DUHAMEL et La chronique des Pasquier. Depuis 1945, les adaptations cinématographiques et télévisées sont légion. La diversité des œuvres défie l’énumération : toutes les époques sont concernées, toutes les formes narratives : récit, journal, mémoires, biographie romancée, cycles, roman policier, théâtre, comédie musicale, opéra, film, BD… tous les registres aussi, tous les continents…Toutes les qualités également : romans à grand tirage peu scrupuleux de la qualité de l’information ou bien ouvrages rivalisant avec l’histoire savante comme a pu le faire Georges DUBY. Citons quelques grandes œuvres :
L’engouement des récits historiques s’explique peut-être par les réponses et éclairages qu’ils apportent à la question sans cesse renouvelée de nos origines : d’où viens-je ? Question philosophique éternelle.
A. PROBLEMES SPECIFIQUES DU GENRE POUR L’ECRIVAIN
Certains auteurs détournent ce dernier problème en utilisant une mise en abyme singulière : leur début de roman se situe à notre époque et nous y plongeons :
D’autres se servent de leurs personnages : alors que les préoccupations du héros sont plus proches de celles des lecteurs d’aujourd’hui, les personnages secondaires représentent un type spécifique de l’époque (ouvrages de J. Mirande, d’E. Brissou-Pellen avec le héros Garin Trousse-Bœuf). Les héros : On en trouve de plusieurs types :
Si ces problèmes sont ceux de l’écrivain, ils se posent également pour le lecteur. B. COMPRENDRE DES RECITS HISTORIQUES : QUELLES COMPETENCES EN JEU ?
QU’EST-CE QUE COMPRENDRE ? Appui sur la position de l’Observatoire National de la Lecture, organe consultatif placé auprès du Ministère de la Jeunesse, de l’Education nationale et de la Recherche qui a pour vocation d’étudier tous les champs de la lecture. (Maîtriser la lecture ; CNDP, éd. Odile Jacob, 2000) Les auteurs nous précisent que : comprendre un discours ou un texte, c’est construire une représentation mentale de la situation décrite. Elle est élaborée à partir des :
Ces trois niveaux sont étroitement reliés au cours de la lecture : mise en relation à faire.
Il faut encore posséder et mobiliser ses connaissances antérieures dans le domaine concerné. Il faut aussi mettre en relation les données du texte, c’est-à-dire faire des inférences, des déductions pour accéder à l’implicite. Pour cela, le lecteur s’appuie sur des indices que sont les marques linguistiques :
C. Propositions didactiques : Vrai/Vraisemblable : Le récit historique est une fiction qui emprunte à l’histoire des sociétés. Il se situe dans un cadre spatio-temporel vraisemblable et institue, dans son pacte de lecture, une certaine authenticité des faits rapportés. Si la littérature est toujours un jeu entre le réel et l’imaginaire, ceci est particulièrement vrai pour le récit historique. Pour les élèves, il n’est pas toujours facile de dissocier le romanesque de l’historique dans le récit. C’est donc une piste de travail.
SITUATION 1 : LES REPRESENTATIONS des élèves. On peut noter sur affiche les réponses des élèves à la question : pour vous, qu’est-ce qu’un récit historique ? (Oral ou préparation écrite rapide). Le maître ne donne pas de réponse, mais fait se confronter les avis, aide à la synthèse des caractéristiques sur lesquelles les élèves sont d’accord, formalise les questions qui émergent des désaccords. SITUATION 2 : LES tris de textes : (Après des situations de tris de livres où auront été distingués les types de supports et les genres littéraires, en utilisant le para-texte : 1ère et 4ème de couverture). Un premier travail consisterait à dissocier écrits d’historien documentaire/récits historiques. Donner cinq extraits par groupe, en prévoir dix (ou plus) pour la classe, avec la consigne : pour chaque texte, indiquer
(On pourra dans une seconde séance, reproduire cette situation en y ajoutant des récits d’époque, statut spécifique du témoignage.) Difficultés prévisibles des élèves, source d’éclaircissements dans la confrontation des avis et l’apport du maître :
On demandera aux élèves quels indices leur ont permis de répondre et permettent de classer ces textes en documentaire ou fiction. On aboutira à une synthèse provisoire de critères différenciant écrits d’historiens/récits historiques, à garder en trace écrite, on peut s’attendre à : il y a des personnages, leurs prénoms sont de l’époque, il y a des dialogues, des aventures, des dessins, c’est au passé simple et à l’imparfait (dans les récits historiques). Remarque : Le relevé de ces critères ne suffira pas car on peut trouver des textes d’historien remplissant ces conditions. Il faudra les mettre en relation avec les effets produits sur le lecteur, repérables dans le processus d’interprétation du texte. L’analyse se déplacera du texte vers la construction de la signification : comment opère le lecteur pour identifier à quel type de texte il a affaire ?
SITUATION 3 : LES INCIPITS : Mise en situation avec Claudine de Lyon, de Marie-Christine HELGERSON, Castor poche Flammarion, 1999.
Claudine de Lyon, de Marie-Christine HELGERSON, Castor poche Flammarion, p.1 à 10. Claudine a onze ans, elle travaille sur un métier à tisser toute la journée, elle est malade, elle n’est pas heureuse. Elle se pose des questions sur son avenir car elle ne veut pas aller à l’usine comme sa mère, ni tisser comme son père. Elle veut aller à l’école comme Noémie pour apprendre plein de choses. Mais son père ne veut pas. Nos questions, nos hypothèses sur le roman: Pourquoi cette différence entre Noémie qui va à l’école et Claudine qui travaille ? Pourquoi son père ne veut-il pas qu’elle aille à l’école ?Peut-être que la famille est pauvre et a besoin de l’argent de son travail ? Est-ce que Claudine réussira à aller à l’école ? Comment va-t-elle faire ? Est-ce qu’elle va se révolter contre son père ?Nos questions sur l’époque : Comment vivaient les enfants en 1881 ? Aujourd’hui, les enfants vont à l’école jusqu’à 16 ans. Comment s’est passée cette transformation ? Est-ce que la vie était difficile pour tout le monde comme pour la mère de Claudine à l’usine ? Notre avis : Claudine nous plait. On sent qu’elle a envie de se battre. Discussion sur le pacte de lecture et le rôle décisif de l’incipit. Deux problèmes pour l’écrivain :
Ici, l’auteur a utilisé :
Certains auteurs utilisent un narrateur à la 1ère personne qui explique et compare les cultures par un discours explicatif (ex. livre album-doc. Château fort), ou utilisent un personnage d’aujourd’hui qui imagine le passé à partir d’une trace, ex. Le vitrail). D’autres s’adressent directement au lecteur (Imaginez-vous en l’an…) D’autres encore emploient l’idée d’une machine à remonter le temps et les dialogues entre le personnage d’aujourd’hui et le personnage de l’époque, nous aide à mettre notre culture à distance (machine à remonter le temps de Pujade-Renaud et Zimmerman, éd. Messidor/ La Farandole : La Commune n’est pas morte, Pour sauver la Marseillaise, La fille de la sorcière, La grève des enfants). Parfois la date et le lieu sont appris au cours du récit ou demandent à ce que le lecteur mette en relation des informations égrenées tout au long d’une page ou du 1er chapitre, voire du deuxième chapitre (inférences). Dans les albums, les images complètent les renseignements donnés par le texte (ex : Rose Blanche, Innocenti). Tous ces éléments sont des guidages d’interprétation pour poser l’univers des personnages, univers de référence. Nombreux sont les procédés littéraires mis en œuvre par les écrivains pour installer "la mise en abyme", plongée dans le passé. Leur compréhension relève d’un travail du lecteur qui s’enseigne -car il n’est pas inné ! L’activité autour du tableau d’élaboration de la compréhension est transposable à tout texte narratif et peut être adaptée pour appréhender la compréhension :
La forme peut varier : à l’oral en collectif et le maître note sur affiche, à l’écrit par groupe ou individuellement si on a entraîné les élèves car on sait que leur 1er mouvement est de recopier intégralement les informations. On peut le faire texte caché puis y revenir, ceci permet de situer les informations comprises ou non par les élèves dans un 1er temps et de revenir fouiller dans le texte. A l’oral, ils reformulent et la paraphrase est un moyen de retenir, de synthétiser les idées.
SITUATION 4 : DEMARCHE : Patrimoine local, littérature et Histoire. 1) Interrogation du passé à partir du présent : utilisation du patrimoine local. Situation problème : Depuis quand les écoles de notre ville existent-elles ? Que faisaient les enfants avant que l’école n’existe ? Selon le choix de l’enseignant, un travail de recherche des informations peut se mettre en place ou une lecture des réponses à la première question apportées par le maître peut commencer. Pour DREUX, nous proposons un travail documentaire sur Maurice VIOLLETTE qui a fait construire de nombreuses écoles de 1908 à 1959 (Maire pendant 50 ans). CF. Biographie. CF. Carte postale ancienne : Les cantines scolaires. Une lecture d’images (photos des différentes écoles) peut être entreprise pour y déceler la date, le style architectural, les matériaux utilisés. A comparer entre elles et avec les autres constructions environnantes. 2) Apport littéraire : présenter Claudine de Lyon pour apporter une réponse à la deuxième question. (Voir autres titres sur le sujet dans la bibliographie) 3) Apport documentaire du maître :
On les trouve dans de nombreux manuels avec des photos d’époque. On peut construire une frise pour faire découvrir les multiples progrès économiques et sociaux qui ont conduit à une amélioration certaine du sort des enfants entre 1815 et 1914 : enfants travaillant dans les filatures ou les mines et bien alignés dans les cours d’écoles républicaines, travaux de Pasteur, nombre d’analphabètes (50% en 1820, 4% en 1910, in Histoire, M. MICHAUX, enseigner aujourd’hui, Bordas pédagogie, Paris, 2004). REMARQUES
Nos références bibliographiques :
F. MAGER-MAURY, CPC, DREUX 2, Histoire et littC3, 2005 |
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