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Serge Ravanel - L'Esprit de Résistance (1995)
Il passa en revue les officiers de mon état-major. Des hommes méritoires, courageux, dignes. Il n'eut aucun geste d'amitié à leur égard. Pire, il les humilia. Il ne posait qu'une seule question. Toujours la même : « Quel était votre grade dans l'armée ? » Un peu plus tard, je le vis en tête à tête. J'eus en face de moi un homme qui refusait d'écouter. Il était venu «mettre de l'ordre ». Il m'annonça qu'il enverrait le général Collet prendre le commandement de la région. Par hasard, j'avais déjà entendu ce nom. Je lui demandai donc : – Celui qui s'est fait une réputation pour avoir maté les Druzes au Moyen-Orient ? Il ne répondit pas. Un symbole... Le 16 septembre 1944 à Toulouse, de Gaulle a commis une faute grave. Il s'en est pris à la force de mobilisation et à l'enthousiasme que nous incarnions. Ce jour-là, j'ai vu pleurer des hommes de cinquante ans. Le lendemain, il assista à la prise d'armes organisée en son honneur. Nos troupes étaient fières de défiler devant lui. Je revois nos unités de guérilleros espagnols, bombant le torse, affublés de casques allemands peints en bleu. Dans ses Mémoires de guerre, de Gaulle écrira : Le 17 au matin, avec une solennité calculée, je passai la revue de tous les éléments. En prenant le contact direct des maquisards, je comptais susciter en chacun d'eux le soldat qu'il voulait être. A mesure que j'abordais les rangs, un certain frémissement me faisait voir qu'on m'avait compris. Puis le colonel Ravanel fit défiler tout le monde. Le cortège était pittoresque... De Gaulle avait raison. « Pittoresques », nous l'étions sûrement. Mais était-ce bien l'essentiel ? « Solennité calculée. » Tout était-il donc « calculé », chez lui ? Quel gâchis ! Ceux qui ont vécu ces deux journées en parlent encore avec tristesse. Des milliers de personnes avaient pourtant acclamé le général de Gaulle, symbole d'une France redevenue libre et renouant avec la République. Mais nous avions également découvert qu'il se méfiait de la France des forces vives, prêtes à monter à l'assaut du ciel. Il préférait lui substituer une France d'exécutants qui allait tourner le dos à l'esprit d'initiative et de responsabilité qui avait animé la Résistance. Nous avons cru d'abord qu'il avait un compte particulier à régler avec la Résistance toulousaine. Avions-nous effectivement commis de graves erreurs pour mériter une telle rebuffade ? Par la suite, nous avons appris qu'il avait adopté une même attitude de défiance à Lyon et à Marseille. A Paris, il refusa de rencontrer, ès qualités, le Conseil national de la Résistance. Le renvoi de D'Astier de La Vigerie répondait à la même logique. Le général de Gaulle raisonnait avec la Résistance en termes de rapports de forces plutôt que de coopération. A Toulouse, il avait voulu faire un exemple. Sans doute parce que la Résistance y était bien organisée, active et dynamique. En fait, c'est l'ensemble de la Résistance qu'il voulait émasculer. Il y parvint sans difficulté. © Le Seuil, 1995, pp. 15-16 Dwight D. Eisenhower - Croisade en Europe (1948)
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