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Despotisme éclairé, monarchie administrative française et parlementarisme anglais L’objectif est de présenter les nouvelles formes politiques et sociales induites par les Lumières dans l’Europe du 18ème siècle. Remarque : il ne faut pas caricaturer la tradition et la « monarchie ancienne » (il n’y a pas de passage net d’archaïsme à modernité). De même, l’absolutisme n’est pas synonyme de tyrannie. La monarchie elle-même, depuis le Moyen-Age, avait produit une théologie : Ernst Kantorowicz, dans les Deux Corps du Roi, a montré comment la monarchie traditionnelle avait élaboré une théorie de l’Etat : Le pouvoir était composé de deux corps :
Il a donc montré comment, à travers la tradition monarchique, émerge une conception de l’Etat. D’ailleurs, à la mort de celui-ci, le chancelier criait : « le roi est mort, vive le roi » : le corps charnel est mort, mais le corps mystique, l’Etat, existe toujours : la pérennité de l’Etat était assurée. Les Lumières vont cependant transformer le sens de la monarchie. LE DESPOTISME ECLAIRE C’est la forme la plus générale de la modernité politique en Europe au 18ème siècle (la France et l’Angleterre sont à considérer comme des exceptions). Le système du despotisme éclairé se situe à la conjonction entre la monarchie absolue et les Lumières : - les Lumières doivent éclairer le souverain - le souverain doit contribuer à diffuser les Lumières. Le despotisme éclairé interesse au 18ème siècle la quasi-totalité des empires en Europe: l’Autriche, la Hongrie, certains des différents espaces allemands (en particulier la Prusse), certains des différents espaces italiens, l’Espagne, le Portugal, les Etats scandinaves… (pas l’empire Ottoman). Le despotisme éclairé prend des formes politiques variables :
Les principaux axes des despotes éclairés sont :
Deux exemple frappants : en Autriche, l’empereur Joseph II institue une « tolérance civile » : chacun est libre de choisir sa religion dès 12 ans, l’église catholique est contrôlée… et Russie : le métropolite est supprimé pour le saintsinode (organe d’Etat).
La ville est aussi l’objet de nombreuses réformes. Le mot clé des Lumières est polis. Ils vont développer une forme de répression et d’organisation de la vie urbaine, pour transformer les villes et en faire des lieux « polissées » (fin des désordres urbains, imposer les mêmes règles à toute la société). C’est également le d »but de l’urbanisme : création de rues, grandes places… en l’honneur des princes.
Mais le despotisme présente des limites et contradictions : Partout en Europe, on peut noter l’étroitesse de la base sociale des élites réformatrices (quelques aristocrates qui vivent autour des Etats, mais le peuple paysan reste en dehors). De plus, une partie des élites anciennes refuse ces réformes. On peut aussi noter une contradiction interne : le despotisme éclairé, c’est mettre l’absolutisme au service des Lumières. Ce serait réconcilier les droits naturels, la pensée critique de la tradition… avec le renforcement de l’Etat (même si c’est au nom de l’Etat). C’est donc imposer des réformes « par le haut », par le renforcement de l’Etat. Or il n’y a pas, en Europe, de représentation politique du peuple (Assemblées) et les réformes ne sont pas, pour l’essentiel, consenties. Il n’y a pas plus, dans ces régimes très autoritaires, d’opinion publique, d’espace public. Dans les Etats allemands, les Lumières se réfugient dans la société civile, mais les élites n’y participent pas. En Russie, Catherine II renforce l’esclavage des paysans (2nd sevrage) pour développer l’agriculture. Elle crée des postes de fonctionnaires pour obtenir leur soutien. LA MONARCHIE ADMINISTRATIVE FRANCAISE Au 18ème, la France connaît en réalité plus une monarchie administrative qu’une monarchie absolue. Le symbole en est Versailles (capitale de la France au 18ème siècle) : le roi circule constamment entre l’aile privée (ou vit la famille du monarque) et l’aile publique (où travaillent les ministres). Au 18ème siècle, le modèle monarchique français apparaît comme le plus prestigieux du continent (d’ailleurs, des 10e de palais en Europe ont été construits à l’image de Versailles, comme à Saint-Pétersbourg). On peut bien en effet parler de modèle :
Certaines formules restent célèbres : « l’Etat c’est moi », attribuée à Louis 14, ou « c’est légal parce que je le veux », attribué à Louis 16. On parle de monarchie administrative française, car c’est une formidable machine administrative centralisée (il n’y a pas de commune mesure en Europe). Cette « machine » est née au 17ème siècle, avec les grands ministres des rois : Richelieu, Mazarin, Colbert… ont formé la centralisation administrative à la française, en développant le système des intendants, qui font appliquer la volonté du roi partout en France. Ils ont certes unifié la Justice et fait de l’armée française la 1ère d’Europe au 18ème siècle, développé la marine, la diplomatie (le français devient la langue de l’Europe au 18ème siècle), mais au prix d’une fiscalité très lourde. Ils ont mis au service de l’Etat l’art et la culture : les artistes doivent fournir leur contribution à l’éloge de l’éclat de l’Etat… Sur le plan social et politique, l’effet est considérable sur le poids des corps intermédiaires (noblesse…), et sur les privilèges : le droit du roi l’emporte partout. Tocqueville, dans l’Ancien Régime et la Révolution, a montré que la Révolution française est préparée par la monarchie, car elle a diminué le poids de la noblesse et centralisé l’Etat. Au 18ème siècle, on ne peut pas parler d’absolutisme, comme sous Louis 14. Question de le représentation (ce qui permet de consulter la nation) Et du consentement (porte, au 18ème, sur l’impôt). Or, dans l’administration française, la représentation et le consentement ne sont pas assurés : c’est le roi qui, en droit, représente l’Etat ; et le système administratif doit représenter la nation. Le roi n’est pas pour autant un tyran : il est le dépositaire de la couronne ; il doit léguer à son successeur le royaume comme il l’a trouvé (càd qu’il est usufruitier). Il doit respecter les « constitution non- écrites du 18ème. Mais il n’y a pas de représentation du peuple vraisemblable : il y a seulement des Etats provinciaux, qui n’ont qu’un seul droit, consentir à l’impôt. Il existait des Etats généraux, réunissant les 3 parties de la population, qui se réunissaient souvent au Moyen Age et au 16ème siècle, mais la monarchie administrative française en ayant peur, elle ne les a plus réunis depuis 1614. La seule opposition possible d’une opposition est le Parlement (il siège sur l’île de la cité, et se compose de magistrats, souvent très fortunés) : il enregistre les lois et peut faire au roi des remontrances. Mais il ne fait qu’enregistrer : c’est le roi qui veille au bien commun, par les lois et décrets. Or tout mouvement des Lumières demande la représentation et le consentement, au nom de la raison. Cependant, on commence à voir naître un espace public : salons privés, loges maçonniques, 1er journaux… où l’on parle de réforme : on aspire à ce que l’Etat français ouvre un espace à la représentation du peuple. LA MONARCHIE PARLEMENTAIRE ANGLAISE Il s’agit d’un modèle politique très prisé par les élites des Lumières (tous les intellectuels font un voyage à Londres, notamment pour assister à une séance du Parlement. Ce système s’explique par différents facteurs :
Le Parlement se compose de la Chambre des Lords (représente l’aristocratie et le clergé), et la chambre des Communes (représente la petite noblesse et la bourgeoisie). Avec la Révolution de 1688 s’imposent deux mesures essentielles d’ordre juridique : En 1688 : l’Habeas corpus (« tu possèdes ton corps ») : on ne peut être mis en prison sans être jugé ; càd que tout accusé doit être présenté à un juge dans la journée. En 1689, le Bill of rights (« déclaration de droits »), qui définit les droits de l’individu. Cette monarchie fonctionne de façon originale :
Le Parlement se compose de deux chambres : les Whigs (libéraux ; au pouvoir en majorité au 18ème), les Tories (conservateurs).
Conclusion : Dans le contact Lumières-politiques, deux notions : représentation et consentement. Despotisme éclairé : ni représentation, ni consentement, mais réformes «par le haut », au nom de la raison Monarchie française : à mi chemin : les lois et décrets font droit Parlementarisme anglais : invention du Parlement, qui malgré ses limites, invente une nouvelle forme de représentation et consentement, qui sera au cœur des révolutions (1787 : Etats-Unis ; 1789 : France). |
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